Le 5e Festival d’Annaba du Film Méditerranéen se déroulera du 24 au 30 septembre 2025. Le festival annonce la parution d’un ouvrage collectif exceptionnel dédié au cinéaste algérien Mohamed Lakhdar Hamina.
Intitulé « Hamina the Majestic », cet ouvrage collectif est réalisé en partenariat avec la Fédération Internationale de la Presse Cinématographique (FIPRESCI). Il rend hommage à l’oeuvre du réalisateur algérien qui a offert la première Palme d’Or du festival de Cannes au cinéma africain et arabe, avec le long métrage « Chronique des années de braise » en 1975.
Cet ouvrage rassemble les contributions de vingt critiques issus de dix-sept pays, illustrant la portée universelle de l’œuvre de Lakhdar-Hamina. Il s’agit de Irian Peña Popo et José Rafael Rojas Bez (Cuba), Bijan Hassan Tehrani (Iran), Sofia Alvarez Salas (Pérou), Mohamed Ghandour (Liban), Ahmed Al-Alyad (Arabie Saoudite), Eva Pedro et Eduardo Guillot (Espagne), Zein El Abidin Khairy et Omnia Adel Hassan (Egypte), Alexander Gabelia (Géorgie), Aina Randrianatoandro (Madagascar), Roberto Baldassari (Italie), Salim Al Biek (Palestine), Dinu Ioan Nicola (Roumanie), Youssouf Haldo Harouna (Niger), Steven Yates (Grande-Bretagne), Belage Ngonana (Cameroun) et João Antunes (Portugal).
« Un témoignage de fidélité »
« Ce livre est un témoignage de fidélité envers un homme qui a fait du cinéma algérien une langue universelle et une voix humaine intemporelle», a estimé Mohamed Allal, commissaire du festival et coordinateur de l’ouvrage.
À travers cette publication, le Festival d’Annaba trace le parcours artistique et humaniste de Mohammed Lakhdar-Hamina, l’une des grandes figures du cinéma mondial, « symbole de la puissance du cinéma algérien à porter des récits universels et à dialoguer avec toutes les cultures ».
Acteur, réalisateur et producteur, Mohammed Lakhdar-Hamina est décédé, vendredi 23 mai 2025, à l’âge de 95 ans. En 1958, il rejoint le FLN à Tunis, après la mort sous la torture de son père, maltraité par les soldats français. Formé en Tchecoslovaquie, le jeune cinéaste participe par la caméra à la lutte armée contre l’occupant français, après avoir faits es premières classes aux Actualités tunisiennes. Avec Djamel Chanderli (1920-1990), il tourne « Yasmina », « La Voix du peuple » et « Les Fusils de la liberté ». Il est connu que le cinéma algérien est né dans les maquis dans le combat contre la colonisation française.
Premier prix en 1967
De 1963 à 1974, il dirige l’Office des actualités algériennes, avant de prendre la direction de l’Office national du cinéma et de l’industrie cinématographique (ONCIC) de 1981 à 1984. En 1965, il réalise son premier long métrage, « Le vent des Aurès » avec Keltoum dans le rôle d’une mère qui cherche son fils, détenu par l’armée coloniale française.
Ce film, inspiré de l’histoire vraie de la grand-mère du cinéaste, sera couronné du Prix de la première œuvre au Festival de Cannes en 1967. Il tourne ensuite « Hassen Terro » (1968), avec Rouiched dans le rôle du résistant malgré lui, et « Décembre » (1972), un film qui dénonce la pratique massive de la torture par les soldats français.
En 1974-1975, Mohamed Lakhdar Hamina réalise « Chronique des années de braise », une grande fresque historique en six tableaux de presque trois heures sur la résistance des algériens à l’occupation française. A Cannes, en 1975, le cinéaste algérien a reçu plusieurs menaces de mort et des alertes à la bombe ont été enregistrées avant la projection du long métrage, consacré à la fin par la Palme d’or. Il réalise ensuite « Vent de sable » (1982) et « La Dernière Image » (1985). « Crépuscule des ombres » est son dernier long métrage, sorti en 2014.
« Je n’ai pas la prétention d’écrire l’histoire du peuple algérien. Je suis un meddah, un conteur. Je raconte une histoire. Mais chacun de mes films est une page dans le dossier de la société algérienne. Je puise dans ma mémoire pour trouver le ton juste. Je n’aime pas les films des moralistes, des thuriféraires, de tous ceux qui prétendent transmettre un message et ne communiquent que l’ennui », disait Mohamed Lakhdar Hamina, dans une interview.
