Décès de Mohamed Lakhdar Hamina : un géant du cinéma algérien, s’est éteint

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Décès de Mohamed Lakhdar Hamina : un géant du cinéma algérien, s’est éteint
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Lakhdar Hamina, immense figure du cinéma africain et arabe, s’est éteint ce jeudi à son domicile à Alger, à l’âge de 91 ans, selon ses enfants. Réalisateur de Chronique des années de braise, seule Palme d’or décernée à un film africain à ce jour, Hamina laisse derrière lui une œuvre puissante, habitée par l’histoire et la douleur du peuple algérien.

Né le 26 février 1934 à M’sila, dans la région des Aurès, d’une famille paysanne modeste, il est profondément marqué par la guerre d’indépendance : son père, militant nationaliste, fut arrêté, torturé et assassiné par l’armée coloniale. En 1958, Hamina rejoint la résistance en exil à Tunis. C’est là, au sein des actualités tunisiennes, qu’il découvre le cinéma et apprend les bases du métier, sur le tas.

Autodidacte formé à l’école de la lutte, Hamina signe en 1967 Le Vent des Aurès, poignant premier long métrage sur les ravages de la guerre, couronné du prix de la première œuvre à Cannes. Il y reviendra à quatre reprises, mais c’est en 1975 qu’il entre dans la légende avec Chronique des années de braise, fresque politique retraçant les années 1939-1954 à la veille du soulèvement national. Ce film historique, où la mémoire et l’engagement se mêlent à une mise en scène audacieuse, obtient la Palme d’or, consacrant Hamina comme l’un des grands cinéastes du Sud.

Le film a connu une renaissance cette année à Cannes, projeté en version restaurée 4K dans la section Cannes Classics, en présence d’un public ému et d’une nouvelle génération de cinéphiles redécouvrant la puissance de son regard. Cette reconnaissance posthume vient souligner l’impact durable de son œuvre.

Père de quatre enfants, dont le réalisateur Malik Lakhdar-Hamina, il avait étudié l’agriculture avant de se consacrer entièrement au septième art. Installé un temps à Antibes, où il rencontre sa compagne, il partage sa vie entre la France et l’Algérie.

Hamina a ouvert la voie à plusieurs générations de cinéastes algériens — Merzak Allouache, Mohamed Lakhdar Tati, Rachid Bouchareb ou encore Sofia Djama — qui, à leur tour, interrogent les mémoires, les fractures et les rêves d’un peuple toujours en quête de récit. Mais aucun n’aura incarné à ce point le destin national à travers le langage cinématographique.

Son œuvre, profondément algérienne et résolument universelle, demeure un legs inestimable. Le cinéma algérien perd l’un de ses pères fondateurs. L’Afrique, l’un de ses rares palmes d’or. Le monde, une conscience libre et lucide.

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