Le président Abdelmadjid Tebboune a rappelé, lors d’une rencontre avec la presse nationale, diffusée dans la soirée du vendredi 18 juillet 2025, l’attachement de l’Algérie à la politique de bon voisinage.
Il a estimé qu’il n’y a pas d’autres solutions que la politique de la main tendu. « Nous n’utilisons jamais le langage de la menace avec nos frères. Il n’est pas de notre philosophie et de notre nature de le faire. Nous sommes attachés au bon voisinage. Si les autres ne croient pas à cela, c’est leur affaire. Si vous agressez nos frontières, nous réagissons. Le reste, si vous demandez de l’aide, nous sommes prêts à répondre à votre requête », a-t-il déclaré.
Il est revenu sur le déploiement de l’armée privée du groupe russe Wagner aux frontières avec le Mali. « La Russe est un pays ami, mais nous avons dit, c’est moi en tant que président de la République démocratique algérienne démocratique qui l’ai dit : « nous ne voulons pas de mercenaires à nos frontières « , a-t-il précisé.
Il a indiqué que la solution à la crise politique et sécuritaire est chez les maliens, pas chez l’Algérie. « S’ils veulent régler la crise en s’attachant à l’unité nationale, il leur reviendra de le faire. L’Algérie a toujours refusé qu’on s’immisce dans ses affaires intérieure, elle ne peut donc pas le faire pour les affaires du Mali, du Niger, du Burkina Faso ou de la Libye », a-t-il noté.
« La force ne règle pas les problèmes »
« Le Mali vit dans l’instabilité entre le Nord et le Sud depuis 1960, deux ans avant l’indépendance de l’Algérie. Les présidents Ben Bella, Boumediène, Chadli ont tous intervenu pour régler la situation dans ce pays. Les Accords de paix au Mali ont été signés à Alger (en 2015). Ces Accords n’ont pas été imposés par l’Algérie, ils relèvent de l’Union africaine et de l’ONU. Toutes les factions ont signés ces documents, restait alors l’application comme l’intégration de ceux qui sont rebellés contre l’Etat malien, cela était une affaire intérieure. Les Maliens sont des frères que nous n’allons jamais abandonner, contrairement à ce qu’ils disent. Le Mali reste sur nos têtes. Nous avons toujours aidé le Mali depuis notre indépendance », a rassuré Tebboune.
Et d’ajouter : « à chaque fois qu’il y a un coup d’Etat au Mali, ceux qui arrivent au pouvoir estiment que le problème du Nord Mali sera résolu par la force avec tout le lot d’accrochage et de morts. Ils arrivent finalement au résultat que la force ne règle pas les problèmes. Nous avons toujours fait en sorte d’intervenir pour apaiser les esprits entre les protagonistes ».
Tebboune a rappelé que l’ancien Premier ministre malien (Choguel Maïga) avait critiqué les Accord d’Alger dans un livre avant d’arriver au pouvoir. « Donc, c’était prémédité. La solution consensuelle (à la crise au Mali) est incontournable. L’Algérie a le plus défendu l’unité du peuple malien et l’unité territoriale du Mali. Nous n’avons jamais soutenu les séparatistes. Nous essayons de régler les problèmes calmement… », a-t-il soutenu. Les autorités de la transition militaire au Mali ont, pour rappel, mis fin, jeudi 25 janvier 2024, aux Accords d’Alger de 2015, sans proposer d’alternative.
« Le Mali a décidé de retirer son ambassadeur en Algérie, nous ne pouvons pas lui imposer de rester. Nous avons décidé de fermer l’espace aérien au Mali à cause du drone militaire qui est entré chez nous (abattu par les forces armées algériennes dans la nuit du 31 mars 2025 près de Tinzaouatine). Notre espace aérien est toujours ouvert avec le Niger. J’ai reçu le Premier ministre du Niger, Ali Mahaman Lamine Zeine ( lors de sa visite en Algérie en août 2024) avec qui j’ai eu une discussion de trois heures. Nous avons élaboré un énorme programme économique », a déclaré le chef de l’Etat.
« La plus grande université de lutte antiterroriste, c’est l’Algérie »
Il a rappelé que l’Algérie s’était fermement opposée en août 2023 à l’opération Phoenix consistant en une intervention militaire directe de la France à Niamey pour remettre au pouvoir le président Mohamed Bazoum, écarté par des putichistes le 23 juillet 2023. « Nous avions dit que nous refusions cette intervention, sinon nous seront une partie du problème. Cette opération a été annulée et aujourd’hui ont nous accuse de vouloir intervenir au Niger, vous êtes donc manipulés. Va demander à celui qui te manipule de te régler tes problèmes. Nous croyons toujours au bon voisinage, si ce n’est pas votre conviction que Dieu vous vient en aide. Un jour, peut être, vous allez y croire », a-t-il relevé.
Interrogé sur la dégradation de la situation sécuritaire au Sahel, il a estimé que la présence du terrorisme dans cette région remonte à plusieurs années. « S’ils demandent à ce qu’on les soutienne (pour lutter contre le terrrorisme), nous sommes là. Pour le reste, nos frontières sont bien sécurisées, il n’y a aucun problème. L’armée est forte et les services de sécurité ont une grande expérience en la matière. Nous ne sentons aucune crise d’encerclement. La plus grande université de lutte antiterroriste, c’est l’Algérie. Nous avons vécu une période où il existait l’Etat du jour et l’Etat de la nuit (les années 1990). Nous avons vécu une période où on enregistrait 400 victimes (du terrorisme) par jour. Rien ne peut nous atteindre par rapport à ce qui se passe ailleurs », a soutenu le chef de l’Etat.
Tebboune a plaidé pour une restructuration de l’Union africaine (UA) et une réforme de la Ligue arabe. « Tout le monde constate aujourd’hui que les principes fondateurs de l’ONU ne sont plus applicables. Nous sommes revenus à la loi de la jungle, le plus fort dévore le plus faible. Et le Conseil de sécurité (de l’ONU) n’applique ses décisions que sur les pauvres et les faibles », a-t-il noté.
Le chef de l’Etat a rappelé le soutien de l’Algérie au peuple palestinien. « Nous n’abandonnerons jamais le peuple palestinien qu’il soit à Ghaza, en Cisjordanie, à El Qods ou dans la diaspora. Quand nous avons rassemblé les factions palestiniennes à Alger (en octobre 2022), l’initiative a été saluée par les Etats Unis. Les gens vous respectent lors qu’ils constatent que vous êtes propres et honnêtes. Aujourdhui, la moitié des membres de l’UA et plus de 55 pays reconnaissent la RASD », a-t-il déclaré.