Ziad Rahbani, le génie aux mille talents fait ses adieux

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Ziad Rahbani, le génie aux mille talents fait ses adieux
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Ziad Rahbani, l’âme rebelle de Beyrouth, s’est éteint à 69 ans, laissant le monde arabe orphelin d’une icône rare, capable d’unir un Liban fracturé par ses divisions. Compositeur, dramaturge, satiriste et esprit indomptable, le fils de Fairouz et d’Assi Rahbani a marqué son époque d’une œuvre audacieuse, mêlant génie musical, critique sociale et humour mordant. Malgré son retrait récent pour raisons de santé, son héritage reste vibrant, indomptable.

Dès son adolescence, Ziad échappe à l’ombre de ses illustres parents. À 17 ans, il signe « S’alouni el-nass » pour sa mère, révélant un talent précoce qui fusionne émotion pure et regard acéré sur la société. Son style, unique, marie jazz et sonorités arabes, ironie et mélancolie, orient et occident, pour créer une musique qui parle à l’âme autant qu’à l’esprit.

Ziad n’a pas seulement composé : il a réinventé le théâtre musical libanais. Ses pièces, de Sahriyyeh (1973) à Lola Foushat al-Amal (1994), dépeignent avec une lucidité cinglante la guerre, la corruption et la résilience d’un peuple.

Des œuvres comme Bennesbé la bukra chou ? ou Shi Fashil sont devenues des emblèmes, reflétant les combats et les désillusions d’une nation. Ses collaborations avec Joseph Sakr, Fairouz, Magida El Roumi ou Latifa ont donné naissance à des chansons qui capturent l’intimité collective du Liban, entre rires amers et vérités crues.

À la radio, sur Sawt Loubnan, ses émissions comme Ba’dna Tayyibin… Qoul Allah ont marqué les esprits en pleine guerre civile, défiant les puissants avec une verve inégalée.

Plus tard, ses chroniques dans Al-Akhbar prolongent cette voix libre, incisive et sans concession.Homme de convictions, proche de la gauche, Ziad a toujours défendu les opprimés et la résistance à l’occupation israélienne, avec une éthique farouche, loin des dogmes. Ces dernières années, plus discret, il n’a jamais cessé d’écrire et de composer, fidèle à son refus de la médiocrité.

Ziad Rahbani n’était pas qu’un artiste : il était une conscience, un miroir des blessures et des espoirs d’un Liban complexe. Loin des clichés, il a chanté ses vérités, ses luttes, ses paradoxes. Son rire, sa colère et sa tendresse résonnent encore, éternels.

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