Une vive polémique a éclaté en France après l’inauguration, mardi, d’une médiathèque à Vénissieux, près de Lyon, baptisée du nom d’Annie Steiner, militante anticolonialiste qui s’était engagée dans les rangs du Front de Libération Nationale (FLN) durant la guerre de libération (1954-1962).
Cette décision de la municipalité communiste de Vénissieux a suscité la désapprobation de la préfète du Rhône, Fabienne Buccio, qui a boycotté la cérémonie en dénonçant un « choix contestable » selon ses termes.
Une Française devenue Algérienne par choix et par conviction
Née en France, Annie Steiner avait très tôt rejoint les réseaux du FLN. Elle fut arrêtée en 1957 et condamnée à cinq années de prison par un tribunal militaire français pour avoir porté des messages et des consignes aux combattants de la Révolution algérienne.
À l’indépendance, loin de revenir à une vie tranquille en France, Annie Steiner fit le choix d’adopter la nationalité algérienne et de s’installer définitivement en Algérie, où elle vécut jusqu’à son décès en 2021. Elle incarne ainsi ces Européens qui, par conviction, se sont engagés du côté du peuple algérien en lutte contre le colonialisme, et qui ont lié leur destin à celui de l’Algérie indépendante.
Mémoire et reconnaissance
Pour la maire de Vénissieux, Michèle Picard, ce choix est « réfléchi et assumé », en cohérence avec l’histoire anticolonialiste de sa ville : « Annie Steiner a passé toute sa vie à lutter contre l’exploitation d’un peuple par un autre, et pour la souveraineté des peuples ».
En Algérie, son nom demeure associé à l’engagement courageux des femmes et hommes, algériens et étrangers, qui ont contribué à la libération nationale. Son parcours témoigne aussi d’une fidélité sans faille : avoir fait le choix de vivre en Algérie, dans l’Algérie libre, après 1962.