Hommage vibrant à l’acteur grec et au chef-d’œuvre de Mohamed-Lakhdar Hamina

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Hommage vibrant à l’acteur grec et au chef-d’œuvre de Mohamed-Lakhdar Hamina

Le Théâtre régional Azzedine-Medjoubi d’Annaba a vécu, le 27 septembre au soir dans le cadre du Festival d’Annaba du Film Méditerranéen (FAFM), un moment de grâce et de mémoire. La projection de la version restaurée de Chronique des années de braise, unique Palme d’or algérienne et africaine du Festival de Cannes (1975), a rassemblé un public nombreux et ému, qui a longuement applaudi l’un de ses interprètes principaux : l’acteur grec Yorgo Voyagis.

Yorgo Voyagis, l’émotion d’un retour à Annaba

À 80 ans, celui qui incarna le personnage d’Ahmed aux côtés du mythique Miloud le fou – interprété par Mohamed-Lakhdar Hamina lui-même – a renoué avec l’Algérie, un demi-siècle après avoir vécu cette aventure artistique hors du commun. Submergé par l’émotion, Voyagis a confié sa gratitude envers « ce pays qui m’a offert un voyage dans le temps, jusqu’à mes 30 ans ». Et de rendre hommage au « génie de Lakhdar Hamina », capable, selon lui, « de révéler le meilleur de chaque acteur qu’il dirigeait ».

Un film qui traverse le temps

La restauration a permis de redonner éclat et profondeur visuelle à cette fresque historique, véritable « icône » du cinéma algérien. L’œuvre retrace avec intensité le parcours du peuple algérien, de la misère rurale et des sécheresses meurtrières jusqu’à l’explosion de la Révolution de Novembre 1954, en passant par la Seconde Guerre mondiale et les promesses non tenues de la France coloniale.

La mise en scène de Hamina, d’une puissance rare, met en lumière la brutalité du colonisateur et la certitude qu’« il n’y avait pas d’autre voie que celle de la lutte armée pour arracher l’indépendance », obtenue en 1962. Les spectateurs, hier comme aujourd’hui, restent saisis par la force des images : la souffrance des paysans déracinés, la barbarie des répressions, mais aussi l’espoir incarné dans l’ultime séquence – ce petit enfant courant sous les balles, symbole d’avenir et de renaissance.

Le témoignage des compagnons de route

L’hommage à Yorgo Voyagis s’est prolongé lors d’une table ronde organisée par le Festival du film méditerranéen d’Annaba, en présence d’artistes et de témoins de l’époque. L’acteur algérien Hassan Ben Zerari, qui incarnait le coiffeur dans le film, a rappelé avec émotion les souvenirs de tournage et la rigueur du cinéaste. Le critique Ahmed Bedjaoui a, pour sa part, souligné la dimension philosophique du personnage de Miloud : un « fou » qui, en réalité, portait la voix de la sagesse et de la vérité, éveillant la conscience collective.

Venus d’Algérie mais aussi d’Égypte, de Géorgie et d’Italie, les intervenants ont unanimement salué l’audace de ce chef-d’œuvre, qualifié de « fresque humaine universelle » qui a marqué l’histoire mondiale du 7ᵉ art.

Des larmes et une ovation

Au terme de la projection, le public annabi s’est levé pour ovationner Yorgo Voyagis, visiblement bouleversé. Les spectateurs se sont pressés autour de lui pour immortaliser ce moment par des photos, tandis que l’acteur quittait la salle les yeux embués.

Cinquante ans après son triomphe à Cannes, Chronique des années de braise continue de rassembler les générations et de rappeler que le cinéma, lorsqu’il se fait mémoire et combat, ne vieillit jamais.


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