M’hamed Houaoura, le correspondant de presse du quotidien El Watan dans la wilaya de Tipasa, vient de récidiver en faisant connaitre un pan de l’histoire de la région ouest de la wilaya à travers la vie et le parcours d’«Ahmed Noufi, le chahid cherchellois », tombé dans l’oubli et qui mérite d’être mis en lumière.
L’ouvrage, publié sur « Les presses du Chélif «, fait suite à deux autres livres, « Yamina Oudaï, l’héroïne oubliée » et « La plume et le combat » qui racontent chacun le parcours héroïque d’enfants de la région, qui se sont distingués par leur engagement en faveur de la libération et n’étaient pas très connus du grand public.
Des photos et de nombreux témoignages sont publiés dans ce livre, à propos de ce personnage illustre de la révolution algérienne, « qui avait suscité beaucoup de colère chez l’armée coloniale française » qui a connu une déroute lors d’une célébre bataille grâce à son audace. Le tristement célèbre général Salan, dans ses mémoires, n’a pas dissimulé son étonnement et surtout ses regrets sur cette embuscade initiée par un jeune algérien, en l’occurrence Ahmed Noufi alias Abdelhak qui n’a pas fait les grandes écoles de guerre mais a infligé une belle leçon de résistance aux troupes coloniales.
Lors de la première sortie de présentation de l’ouvrage, organisée samedi 27 septembre par l’auteur lui même au niveau de la bibliothèque de Cherchell, M’hamed Houaoura, a expliqué et raconté avec enthousiasme l’audace de l’un des martyrs de la région, Noufi Ahmed qui avait déserté la caserne d’Annaba au cours du mois d’Août 1955 pour rejoindre, clandestinement, les maquis de Palestro, au sein du commando Ali Khodja. Il insistera sur la facilité de son intégration dans les maquis de la partie ouest de la wilaya, à l’époque rattachée administrativement, à Blida ce qui lui a permis de participer à des actions militaires contre l’ennemi français avant d’être affecté dans la wilaya IV historique. Les commandants de cette wilaya, dira t-il, l’avait désigné en qualité de responsable militaire, afin d’organiser les maquis et le maillage de la région ouest de Tipasa jusqu’à Brera. Il était accompagné dans sa mission par un jeune officier ALN, alors commissaire politique, qui n’est autre que H’mimed Ghebalou (1936-2016), un enfant de sa ville natale Cherchell.
Raconter, dans cet un ouvrage, l’histoire d’un personnage de la guerre de libération nationale et sortir de l’oubli une partie de sa vie de chef commando zonal de Cherchell qui relevait de la IVème wilaya de l’ALN, valait la peine car l’assistance a découvert qu’Ahmed Noufi est un militant de la première heure, mort au champ d’honneur, à la fleur de l’âge puisqu’il avait 25 ans, le 28 février 1957 à Lalla Aouda. Cette fameuse bataille qui a eu lieu sur un tronçon de la route sinueuse, qui relie Damous à Béni-Mileuk, situé au sud/ouest de la wilaya de Tipasa et était l’œuvre de jeunes maquisards.
Le jeune Ahmed Noufi fait partie de ceux là, puisqu’il est mort au champ d’honneur au cours d’« une spectaculaire embuscade qui restera gravée dans l’Histoire de la guerre de libération nationale », comme le confiera à l’auteur, le défunt Colonel Youcef Khatib, ex. Commandant de la wilaya IV de l’ALN. Le bilan de cette embuscade audacieuse est inscrit dans les annales de l’histoire de la décolonisation, puisqu’il avait humilié l’armée française qui a dû censurer, dans un premier temps, les informations et le bilan des pertes de cette action héroïque des maquisards.
Ahmed Noufi, organisateur et exécuteur de cette héroïque action militaire qui était, alors, âgé de 25 ans, avait, magistralement, réussi son plan. Le bilan faisait état de dizaines de militaires tués et des dizaines de blessés, surpris à bord d’un long convoi de véhicules qui venait du campement militaire principal de Béni-Mileuk, pour se rendre à leur base située au camp de Bois Sacré de Gouraya, après avoir achevé leur mission. Un avion de reconnaissance ennemi avait été abattu ce jour là, alors qu’il effectuait un vol au-dessus du convoi, afin de sécuriser le convoi. Le Chef du commando zonal de Cherchell doté, d’un grand courage, défiait la mort et affrontait les troupes françaises dans chaque déplacement, raconte notre confrère M’hamed.
« Les embuscades organisées par ses soins lui permettaient de récupérer des lots d’armes à feu, des vêtements, des chaussures des soldats abattus, des documents, des postes de radios etc….
Lors de cette embuscade, hélas, l’ALN avait enregistré la perte du jeune chef et de deux membres du commando. En guise de revanche, les soldats de l’armée coloniale n’avaient pas trouvé mieux que d’incendier les récoltes et les habitations des citoyens des douars avoisinants de Béni-Mileuk, et procédé à des massacres odieux de centaines de familles rurales, sans sommation, rapporte l’auteur.
M’hamed explique qu’il lui a fallu, presque, deux décennies pour recueillir les témoignages des compagnons du chahid Abdelhak, rencontrés à Damous, lors d’une journée qui lui avait été dédiée, au mois de septembre 2009.
En 2008, M’hamed Houaoura avait organisé une conférence, à la salle des fêtes de Cherchell, toujours pour témoigner et recueillir des informations sur le courageux jeune cherchellois, né le 29 janvier 1932, qui avait été exclu de l’école à l’âge de 12 ans. Il avait effectué un léger passage dans la prestigieuse équipe du Mouloudia Sportif de Cherchell (MSC), avant d’opter définitivement pour les maquis, pour combattre l’ennemi français.
La conférence, organisée le 27 septembre en cours au niveau de bibliothèque locale de Cherchell, a été suivie dans un silence religieux par l’assistance qui n’a pas tari d’éloges sur le travail du conférencier. Ils étaient unanimes à le féliciter et lui rendre hommage pour la sortie de livre qui a redonné vie à l’un des héros de l’ALN, tombé dans l’oubli.
D.S
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