Reggane-Claudia : mémoire radioactive

Reggane-Claudia : mémoire radioactive

Boomerang Atomic, le dernier film de Rachid Bouchareb, a ouvert en avant-première africaine la première édition du Festival du court métrage de Timimoune. Difficile de ne pas penser, en le découvrant, à la tempête Claudia, au nuage radioactif récemment évoqué, et à ce retour de flamme que l’Histoire impose toujours quand les crimes ont été tus trop longtemps.

La journée s’est poursuivie avec une quinzaine de courts métrages venus de plusieurs pays, avant une soirée dense au théâtre de verdure de Timimoune, entièrement réaménagé pour l’occasion, où cinq films ont été projetés.

La projection de Boomerang Atomic a immédiatement installé une tension palpable. Ce film d’archives revient sur les essais nucléaires français au Sahara. Bouchareb met en circulation des documents rarement vus, qu’il confronte aux déclarations du médecin-chef Bendetti et du général Messmer, alors ministre des Armées en 1960.
Le film déroule la chronologie précise des essais, expose les procédures internes, les expérimentations souterraines et la propagande destinée autant à la population locale qu’à l’opinion française.

Une approche volontairement classique, rigoureuse, presque clinique. Et c’est précisément dans cette sécheresse que réside la force du film : il montre l’irréfutable. La violence des faits. Le déni persistant. Et l’urgence de reconnaître les crimes commis en Algérie, au moment même où, ailleurs dans le monde, catastrophes environnementales et nuages toxiques rappellent que rien ne disparaît jamais vraiment.

La soirée a ensuite accueilli plusieurs courts métrages sous une atmosphère simple et attentive.

Parmi eux, Les Œufs au plat d’Illyes Terki, qui explore la précarité de la vie artistique et les amours fragilisées par l’incertitude matérielle. Terki filme cette tension à hauteur humaine, sans emphase ni artifice : juste la réalité brute de deux êtres qui tentent de préserver leur lien.

Les Gardiennes de la nuit interroge, quant à lui, les différentes manières de vivre le deuil et ce que chaque femme transmet ou retient malgré elle.
Trois générations — grand-mère, mère, nièce — y incarnent trois façons d’habiter la perte. Le cimetière devient un espace de liberté émotionnelle, un lieu où s’exerce un droit que les femmes se transmettent.

La journée s’est achevée sur ce sentiment rare d’avoir vu des films qui réveillent des blessures anciennes tout en racontant, avec simplicité, ce que les humains essaient chaque jour de maintenir debout.

Enfin, The Last Ranger a captivé toute l’audience. La performance de la jeune Litta et le récit d’une lutte contre le braconnage en pleine brousse africaine ont profondément touché le public. Le film évoque la résilience animale et humaine face à la destruction du vivant.

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