Le procès très attendu de Kamel Chikhi, alias «El Bouchi», principal accusé dans l’affaire des 701 kg de cocaïne saisis au port d’Oran en 2018, a été une nouvelle fois ajourné. L’audience, prévue pour ce dimanche 15 juin devant la chambre criminelle du tribunal de Dar El Beïda, a été renvoyée à la prochaine session criminelle à la demande des avocats de la défense.
Aux côtés de Kamel Chikhi, plusieurs autres personnes sont poursuivies, dont ses deux frères Mohamed et Nacer, son associé Nadjib M., son directeur commercial Abdennacer B., ainsi qu’un de ses agents opérant au port d’Oran, Rachid Ch. Tous sont actuellement en détention provisoire. Deux sociétés, Sarl Dounia Meat et Sarl Amazone, sont également mises en cause en tant que personnes morales impliquées dans cette affaire.
Les chefs d’inculpation sont particulièrement lourds : création, direction et financement d’une organisation criminelle à caractère terroriste, trafic international de stupéfiants et de psychotropes, importation, stockage et distribution de drogue, mais aussi blanchiment d’argent à grande échelle.
Ce dossier tentaculaire, aux multiples ramifications nationales et internationales, est l’aboutissement d’une instruction judiciaire de près de cinq ans, pilotée par un juge du pôle pénal spécialisé. En mai 2021, l’affaire avait été renvoyée à la chambre d’accusation de la cour d’Alger, qui avait rejeté fin juin les demandes de remise en liberté des frères Chikhi et la requête d’annulation des poursuites.
La défense s’appuie, pour sa part, sur les résultats d’enquêtes menées à l’étranger, notamment au Brésil et en Espagne, dans le cadre de commissions rogatoires internationales. Selon les avocats, ces investigations n’ont pas permis d’établir de preuves directes contre leurs clients.
Les faits remontent au 26 mai 2018, lorsque les services de l’Armée nationale populaire avaient saisi plus de 700 kg de cocaïne dissimulés dans un conteneur de viande congelée importée du Brésil. La cargaison appartenait à une entreprise liée à Kamel Chikhi, alors figure montante du secteur immobilier.
Le report de ce procès maintient en suspens l’un des scandales judiciaires les plus retentissants de la dernière décennie en Algérie, au croisement du crime organisé, de la corruption et des réseaux transnationaux.
