Crise diplomatique entre Alger et Paris : l’Algérie dénonce l’accord sur les visas diplomatique et met fin à des privilèges immobiliers

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Crise diplomatique entre Alger et Paris : l’Algérie dénonce l’accord sur les visas diplomatique et met fin à des privilèges immobiliers
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Les relations diplomatiques entre l’Algérie et la France connaissent un nouvel accès de tension. Le ministère algérien des Affaires étrangères a convoqué, ce jeudi, le Chargé d’Affaires de l’ambassade de France à Alger pour lui notifier deux décisions majeures : la dénonciation formelle de l’accord de 2013 sur l’exemption réciproque de visas pour les détenteurs de passeports diplomatiques et de service, et la fin de la mise à disposition gracieuse de biens immobiliers de l’État algérien au profit de la représentation diplomatique française.

Fin de l’accord sur l’exemption de visas diplomatiques

Dans une première note verbale remise au diplomate français, Alger a annoncé la dénonciation formelle de l’accord bilatéral de 2013. Contrairement à la simple suspension décidée unilatéralement par Paris, cette dénonciation met un terme définitif à l’existence même de l’accord, précise le communiqué du ministère.

Dès lors, les détenteurs de passeports diplomatiques et de service français seront désormais soumis à l’obligation de visa pour entrer sur le territoire algérien. Le gouvernement algérien se réserve également le droit d’appliquer des conditions équivalentes à celles imposées par la France aux diplomates algériens. Une décision présentée comme une application rigoureuse du principe de réciprocité et un rejet clair des « velléités françaises de provocation, d’intimidation et de marchandage ».

Retrait des avantages immobiliers à l’ambassade de France

La seconde note verbale remet en cause les avantages immobiliers accordés à l’ambassade de France. L’Algérie annonce mettre fin à la mise à disposition gratuite de biens immobiliers étatiques à la mission diplomatique française. Elle déclare également vouloir réexaminer les baux signés par l’ambassade avec les OPGI (Offices de Promotion et de Gestion Immobilière), jugés « considérablement avantageux ». Alger invite Paris à envoyer une délégation pour discuter de ces nouvelles modalités.

Le ministère rappelle que la représentation diplomatique algérienne en France ne bénéficie d’aucun traitement équivalent, et justifie ces mesures comme visant à rétablir un équilibre dans la relation bilatérale.

Une réponse directe à une lettre du président français

Au-delà de ces mesures concrètes, Alger a réagi avec fermeté à une lettre adressée par le président français à son Premier ministre, ainsi qu’aux explications fournies par le Quai d’Orsay au Chargé d’Affaires algérien à Paris.

Selon les autorités algériennes, la lettre française décharge Paris de toute responsabilité dans la dégradation des relations bilatérales et fait porter l’ensemble des torts à l’Algérie, ce que rejette catégoriquement Alger. La partie algérienne affirme que l’ensemble de ses réactions s’est inscrit dans le cadre du principe de réciprocité et que ses positions ont été exposées à travers des communiqués officiels.

Manquements français dénoncés

Dans une réplique détaillée, Alger accuse la France de multiples manquements, notamment :

  • La violation de ses engagements dans le cadre des accords de 1968, 1974 et 2013 ;
  • Une instrumentalisation de l’accord de 1994 sur la réadmission des ressortissants en situation irrégulière ;
  • Le non-respect de la convention européenne des droits de l’homme de 1950 ;
  • Le refus d’accorder des accréditations à plusieurs diplomates et consuls algériens depuis deux ans.

L’Algérie affirme également que la France a cherché à gérer la crise actuelle par la contrainte, à travers des « injonctions, ultimatums et sommations », ce que le gouvernement algérien considère comme inacceptable.

Le principe de réciprocité au cœur de la riposte algérienne

En conclusion, Alger insiste sur le fait que l’accord sur les visas diplomatiques avait été demandé initialement par la France, et que sa suspension unilatérale a donné à l’Algérie l’occasion d’y mettre fin définitivement.

Les visas délivrés aux diplomates français seront désormais soumis aux mêmes conditions que celles imposées aux diplomates algériens par Paris. L’Algérie annonce aussi vouloir défendre les droits de ses ressortissants en France contre les expulsions arbitraires et les privations de recours.

Enfin, Alger rappelle qu’elle est prête à engager un dialogue bilatéral sur l’ensemble des contentieux existants, mais attend en retour une attitude équitable et respectueuse de la souveraineté algérienne.

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