Le projet de la ligne ferroviaire Gara Djebilet-Béchar, géré par la SNTF, n’est pas qu’une simple infrastructure de transport de minerai. Avec la réception récente d’un tronçon clé le 7 juillet 2025, cette infrastructure colossale de 950 km, menée en partenariat avec des entreprises algériennes et la société chinoise CRCC, s’inscrit dans une vision stratégique audacieuse de l’Algérie. Au-delà du développement économique national, ce mégaprojet se positionne comme un pilier essentiel pour le désenclavement du Sud-Ouest et un catalyseur pour les échanges transnationaux, renforçant le rôle de l’Algérie comme acteur majeur dans l’intégration économique africaine.
Un actif minier national au cœur de la stratégie
La mine de fer de Gara Djebilet, située dans le sud-ouest algérien, est un gisement d’une richesse colossale, dont l’exploitation optimale est un enjeu majeur pour l’économie du pays. Le projet de ligne ferroviaire qui la relie à Béchar, sur une distance de 950 km, est la clé de voûte de cette valorisation. Ce 7 juillet 2025 marque une étape cruciale avec la réception d’un tronçon de 135 km (Tindouf-Gara Djebilet), témoignant de l’avancement concret d’une infrastructure vitale.
Le transport du minerai, lourd et volumineux, nécessitera des moyens logistiques adaptés. Le déploiement d’un train géant de 2,2 km de long, composé de 177 wagons, illustre l’ampleur de l’engagement logistique et technologique de l’Algérie pour faire de ce gisement un moteur de croissance de son tissu industriel. Ce minerai sera acheminé vers les unités de transformation au Nord du pays, mais aussi destiné à l’exportation, ouvrant de nouvelles perspectives de revenus et de diversification économique.
Une réalisation exemplaire et une vision nationale ambitieuse
La rapidité de l’exécution de ce projet a été saluée par les autorités. Le wali de Tindouf, Mustapha Dahou, a souligné que le projet a été livré avant les délais fixés, attestant de la « nouvelle dynamique imprimée par le Président de la République, Abdelmadjid Tebboune, en ce qui concerne l’exécution des grands projets nationaux ». La collaboration entre l’ANESRIF (Agence nationale d’études et de suivi de la réalisation des investissements ferroviaires), COSIDER et la société chinoise CRCC, qui a affirmé « la pleine coopération et la forte détermination » pour mener à bien cette entreprise, est un exemple de partenariat réussi. Le PDG de la CRCC a même félicité les habitants de Tindouf pour cet « acquis économique stratégique ».
Ce projet s’inscrit dans une vision ferroviaire nationale bien plus vaste, avec l’objectif ambitieux d’atteindre 15 000 km de lignes à l’horizon 2030. Un tel réseau transformera la connectivité interne de l’Algérie, désenclavant des régions isolées du sud-ouest et stimulant le développement économique et industriel sur l’ensemble du territoire.
Le projet Gara Djebilet : un levier stratégique pour les relations continentales
Au-delà de ses retombées nationales, la ligne ferroviaire Gara Djebilet-Béchar revêt une importance stratégique majeure pour les ambitions africaines de l’Algérie. En effet, ce projet n’est pas seulement une voie d’acheminement de minerai, mais un potentiel corridor économique et logistique vers l’Afrique de l’Ouest.
Le désenclavement du grand Sud algérien ouvre des portes directes vers des pays sahéliens et ouest-africains, souvent confrontés à des défis d’infrastructures. En facilitant le transport de marchandises et, à terme, de personnes, cette ligne ferroviaire pourrait devenir un axe vital pour les échanges commerciaux transfrontaliers. L’Algérie, forte de cette nouvelle capacité logistique, peut consolider sa position de porte d’entrée sur le continent africain. Elle pourra ainsi non seulement exporter ses propres ressources, mais aussi servir de plateforme de transit pour les biens et services entre l’Afrique du Nord et l’Afrique de l’Ouest, dynamisant le commerce intrarégional.
Ce type d’infrastructure renforce également la diplomatie économique de l’Algérie. En offrant des solutions de transport et de développement économique à ses voisins, l’Algérie s’érige en partenaire fiable et contribue activement à l’intégration économique régionale. C’est un pas concret vers la réalisation de l’ambition d’une Afrique connectée et économiquement autonome. Les discussions futures pourraient même envisager des extensions ou des interconnexions avec les réseaux ferroviaires des pays limitrophes, créant un véritable corridor transsaharien.
Impact global et perspectives d’avenir
L’achèvement de la ligne ferroviaire Tindouf-Gara Djebilet est une étape majeure. Comme l’a souligné Abdelkader Mazzar, directeur de la communication de l’ANESRIF, elle va permettre « le renforcement, en moyens logistiques et humains conséquents, les chantiers de la tranche de 575 km qui relie Tindouf et Hammaguir, via Oum-Laâssel ». Cela confirme la détermination algérienne à respecter les délais de livraison, y compris pour les tronçons cruciaux qui permettront de relier complètement le Sud-ouest au Nord du pays.
En somme, le projet ferroviaire Gara Djebilet-Béchar transcende sa fonction première de transport de minerai. Il est un symbole de la capacité de l’Algérie à réaliser des mégaprojets, un moteur de développement économique pour ses régions du Sud, et, plus fondamentalement, un vecteur stratégique pour le renforcement de ses relations avec les pays du continent africain notamment à travers une jonction avec l’autre mégaprojet de la route transsaharienne. C’est un investissement dans l’avenir, positionnant l’Algérie comme un hub logistique et un acteur incontournable de la prospérité régionale.