La remontada est un terme devenu familier pour les amateurs de football depuis la brillante victoire, en match retour, du club de Barcelone face au club de Paris. Le terme remontada est donc évocateur. Et la comparaison ne vaut que pour l’appropriation de ce terme. La remontada démocratique est le défi que les forces démocratiques acquise aux libertés individuelles devraient relever. Les élections municipales programmées pour la fin de l’année sont une opportunité.
Le premier argument en faveur d’une participation populaire aux élections locales tient à la proximité des APC avec les citoyens. Les budgets des APC les concernent directement. Même les comités de village, autonomes vis-à-vis de l’Administration, complètent leurs ressources par des financements de projets pris en charge par les APC. C’est donc là une raison économique importante.
Le deuxième argument découle du premier. Dès lors que des ressources destinées aux citoyens de la commune sont gérées au niveau des APC, il est impératif que ces citoyens aient un droit de regard sur leurs affectations. Ce droit de regard s’exerce par une représentation démocratique au sein de cette institution locale.
Le troisième argument suit logiquement. Les APC constituent le bas de la pyramide de l’État. Il faut les intégrer et introduire ainsi la voix des citoyens. C’est également par cette intégration qu’il faudra élargir les prérogatives des assemblées élues et réduire celles des Walis qui disposent d’un pouvoir discrétionnaire insupportable. Par le biais des APC, peut se réaliser un lien national entre toutes les communes du pays et un resserrement des solidarités.
Le quatrième argument est directement politique. L’assaut direct contre l’État autoritaire porté par le Hirak n’a pas abouti. Les raisons peuvent être discutées mais le constat est là. Il faut changer de fusil d’épaule. C’est donc par la démocratie représentative qu’il faut aller à la conquête de l’État. Une conquête constitutionnelle.
Le cinquième argument, toujours politique, tient à l’émergence de cadres politiques issus du mouvement du Hirak et des actions de solidarité qui doivent apporter du sang neuf à la représentation populaire. C’est une sorte de retour sur investissement qu’est en droit d’attendre la société civile.
Le sixième argument concerne les partis et associations politiques. Les élections communales devraient constituer la mise à l’épreuve de leurs militants, cadres et dirigeants. L’épreuve des élections peut permettre de mesurer leurs liens avec les citoyens et leur niveau de représentativité.
Une rénovation de ces partis est alors envisageable. Cette épreuve devrait s’imposer aux dirigeants nationaux qui semblent mépriser les instances de base. Ces élections seront également l’occasion pour la formation de nouveaux partis représentatifs soumis aux épreuves électorales.
Enfin, septième argument. Les forces qui se réclament de la démocratie vont être confrontées aux questions posées par les alliances. Il est temps de faire le tri. L’étiquette démocratique dont se parent certains partis n’impliquent pas une adhésion sérieuse aux libertés individuelles. Installés durablement dans l’opposition, ce qui n’exclut pas quelques compromissions, ces partis instrumentalisent les libertés dont elles sont partiellement privées. Leur nature autoritaire et leur doctrine totalitaire n’apparaissent qu’à de rares occasions.
La proposition de l’instauration d’un état d’urgence sanitaire récemment avancée par un de ces partis est révélatrice de cette nature. L’état d’urgence, sanitaire, alimentaire ou autre, est un accroissement des pouvoirs de l’État et une limitation des libertés constitutionnelles des citoyens. Faire une telle proposition au moment où les citoyens pallient les défaillances de l’État face à la pandémie et aux incendies montre où peut mener l’apriori idéologique. Cette proposition n’a provoqué aucune réaction au sein des « forces de l’alternative démocratique » où se retrouvent sans se poser de questions des partis se réclamant de la social-démocratie et des partis d’inspiration idéologique totalitaire. La restructuration des alliances politiques s’impose pour clarifier les adhésions sincères aux libertés individuelles.
Ainsi, la participation aux élections communales peut être le point de départ de la remontée démocratique qui passera par les élections législatives et sénatoriales pour aboutir à la prochaine élection présidentielle. C’est le long chemin à emprunter pour la conquête de nouvelles libertés et la construction de l’État de droit. Cette remontée démocratique sera renforcée par les mouvements multiformes de la société civile. La contestation légitime de l’État autoritaire par le mouvement de masse et la participation aux institutions de la démocratie représentative se combineront pour la promotion et l’élargissement des libertés individuelles. C’est le contenu de la remontada démocratique.
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