La Cinémathèque de Béjaïa vibrera du 6 au 11 septembre au rythme des images venues d’Algérie et du monde. Les RCB (rencontres cinématographiques de Béjaia), devenues un rendez-vous incontournable pour les cinéphiles de la région, propose à l’occasion de sa 20ème édition un programme riche où se croisent documentaires intimes, fictions engagées et rencontres passionnées avec des cinéastes.
Une ouverture sous le signe du dialogue
La cérémonie d’ouverture aura lieu le samedi 6 septembre avec la projection de Bin U Bin du réalisateur algérien Lakhdar Tati. Dans ce premier long-métrage de 90 minutes, Tati explore avec sensibilité la complexité des rapports humains dans un contexte de bouleversements sociaux. La frontière est la concrétisation de cette expression. Le film fortement remarqué au Red Sea Festival en Arabie Saoudite et au Festival du Film Francophone d’Angoulême est particulièrement attendu en Algérie. La soirée s’annonce d’autant plus vibrante que le cinéaste et son équipe seront présents pour échanger avec le public.
Des regards pluriels sur un monde en crise
Tout au long de la semaine, les spectateurs seront invités à voyager à travers des récits forts. Dans After Oil, l’Américain Boima Tucker interroge l’avenir énergétique et la dépendance mondiale au pétrole. La Bosniaque Jasna Krajinovic, avec Rashid, l’enfant de Sinjar, suit le destin tragique d’un jeune garçon marqué par la guerre et le déplacement forcé, accompagné du court métrage Post trauma de Nidal Badarny qui explore les séquelles invisibles de la violence.
L’un des temps forts sera la projection d’Agora du Tunisien Allae Eddine Slim, un film qui brouille les frontières entre documentaire et fiction pour interroger l’errance humaine et la quête de sens. Le réalisateur, figure montante du cinéma maghrébin, viendra rencontrer le public le lundi 8 septembre.
Le thème de l’exil résonnera également dans Seeking Haven for Mr. Rambo du réalisateur égyptien Khaled Mansour, un documentaire bouleversant qui suit le parcours d’un réfugié pris dans les filets de l’administration et de la marginalisation.
La réalisatrice Dania Reymond proposera quant à elle Les tempêtes, une œuvre où le chaos intime se mêle aux turbulences politiques. Une discussion autour du film viendra enrichir la projection, offrant un espace de dialogue sur l’art comme moyen de résistance.
Mémoire, justice et identité
Le cinéma algérien sera fortement représenté. Dans Sudan, remember us la réalisatrice Hind Meddeb rappelle l’urgence de ne pas oublier les luttes d’un peuple en quête de dignité. Anis Djaad livrera Terre de vengeance un récit qui interroge la mémoire coloniale et ses cicatrices. Leila Artese Benhadj proposera quant à elle Tin Hinan, la dernière nomade, un film qui redonne vie à une figure mythique du désert.
Les courts métrages algériens, souvent tremplins de jeunes voix prometteuses, ne manqueront pas : Impasse de Mahdi Abdelkader, Le vent me portera d’Athmane Chaoui, ou encore Ta chair c’est du beurre de Lola Hadid. Ces œuvres témoignent d’un cinéma en plein renouvellement, ancré dans les réalités sociales et les aspirations de la jeunesse.
Un focus sur le Québec
Cette édition réserve également une fenêtre spéciale au cinéma québécois, marqué par une nouvelle génération de cinéastes audacieux. Simo d’Aziz Zoromba explore l’identité et la quête d’appartenance ; Un trou dans la poitrine d’Alexandra Myotte et Jean-Sébastien Hamel plonge dans l’intimité de la douleur ; Aska de Clara Milo propose un regard poétique sur l’enfance ; tandis que Brotherhood de Meryam Joober interroge les tensions familiales et les fractures sociales. Ces projections seront suivies d’un débat animé par Danny Lennon, Sara Nacer et Dihya Sarra Chertouk.
Rencontres et échanges
Au-delà des films, le festival se veut un espace de réflexion. Des cafés ciné et tables rondes rythmeront la semaine : le public pourra dialoguer avec Lakhdar Tati, Khaled Mansour, Allae Eddine Slim ou encore Dania Reymond. Ces moments permettront de prolonger l’expérience cinématographique par des discussions autour des thématiques de l’exil, de la mémoire et de la création artistique.
Un rendez-vous incontournable pour Béjaïa
Avec cette programmation foisonnante, la Cinémathèque de Béjaïa confirme sa place comme un haut lieu du cinéma en Algérie. En donnant la parole à des cinéastes venus d’horizons divers, l’événement rappelle la puissance du 7e art : raconter le monde, dénoncer ses injustices et imaginer d’autres futurs.