Les travaux de la 7ème session des consultations politiques algéro-françaises ont débuté ce dimanche 30 janvier à Alger, deux ans après la tenue de la 6ème session.
« Cette échéance, qui s’inscrit dans le cadre de la concertation et du dialogue politique bilatéral, a été l’occasion d’examiner l’état de la coopération algéro-française dans son ensemble et de discuter les principales échéances à inscrire à l’agenda bilatéral au titre de l’année 2022, notamment, la 5ème session du Comité Intergouvernemental de Haut Niveau (CIHN). Les questions régionales et internationales d’intérêt commun, particulièrement le dossier libyen, la question du Sahara Occidental, la situation au Sahel et au Mali ainsi que d’autres questions globales liées à la lutte anti-terroriste, ont également été au menu des discussions », précise le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué rendu public ce lundi 31 janvier.
Il s’agit d’un premier acte de la reprise concrète des relations entre les deux pays après plus de trois mois d’une crise diplomatique sans précédent suite aux déclarations du président Emmanuel Macron sur l’Histoire de l’Algérie, « la rente mémorielle » et « l’existence d’une nation algérienne » avant l’occupation française de l’Algérie.
La 7ème session des consultations politiques algéro-françaises se déroule, les 30 et 31 janvier, sous la présidence du secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, Chakib Rachid Kaid, et de son homologue français, François Delattre.
« Les deux parties examinent l’évolution générale de la coopération bilatérale et abordent les questions régionales et internationales d’intérêt commun », précise l’agence APS.
De son côté, l’ambassade de France à Alger précise, dans un communiqué, que la nouvelle session constitue un nouveau jalon dans l’approfondissement des relations bilatérales.
« Dialogue opérationnel »
La reprise de ces consultations a, pour rappel, été annoncée par Jean- Yves Le Drian, ministre français des Affaires étrangères, lors d’une visite à Alger, le 8 décembre 2021.
Il annoncé aussi la reprise « d’un dialogue opérationnel entre partenaires sur les questions humaines et migratoires, et aussi par la reprise d’un dialogue opérationnel sur la lutte contre le terrorisme ».
« J’exprime le souhait que le dialogue que nous relançons aujourd’hui puisse conduire à une reprise des échanges politiques entre nos deux gouvernements en 2022 », a-t-il déclaré.
L’ambassadeur d’Algérie en France est revenu le 6 janvier 2021 après avoir été convoqué à Alger par le ministère des Affaires étrangères suite aux propos d’Emmanuel Macron et de la décision des autorités françaises de réduire d’une manière unilatérale le nombre de visas pour les Algériens de 50 %. Décision toujours maintenue.
« Un esprit d’apaisement »
Mohamed-Antar Daoud a été reçu le jeudi 13 janvier 2022 à l’Elysée (Présidence) et au Quai d’Orsay (ministère des Affaires étrangères).
Alexis Kohler, secrétaire général de l’Elysée, a, selon un communiqué de l’Ambassade d’Algérie en France, exprimé la volonté des autorités françaises, à préserver « le caractère exceptionnel » des relations entre les deux pays « et à les inscrire dans un esprit d’apaisement, de confiance et de respect mutuel ».
Samedi 29 Janvier, le président Abdelmadjid Tebboune a reçu un appel téléphonique de son homologue français pour évoquer les relations bilatérales.
« A cette occasion, le président français a renouvelé son invitation à M. le Président pour prendre part au Sommet Union européenne-Union africaine (UE-UA) qu’abritera la capitale belge », a précisé la présidence de la République dans un communiqué. Le sommet UE-UA est prévu les 17 et 18 février 2022 à Bruxelles. La France préside actuellement le Conseil de l’Union européenne.
Ouverture du dossier « des disparus » de la guerre
Selon un communiqué de l’Elysée, le chef de l’État français est revenu lors de son échange téléphonique avec son homologue algérien sur « ses dernières initiatives en France pour l’apaisement des mémoires de la colonisation et de la guerre d’Algérie ».
« Il a dit se tenir disponible pour travailler sur ce sujet avec son homologue algérien, en particulier en ce qui concerne les recherches sur les disparus et l’entretien des cimetières européens en Algérie », est-il précisé.
Depuis des années, l’Algérie exige des autorités françaises la vérité sur les disparus algériens durant la guerre de libération nationale dont le nombre serait de plus de 2000. La restitution complète des archives, la réparation des victimes des essais nucléaires français des années 1960 dans le sud algérien, le nettoyage des sites contaminés et la reconnaissance des crimes coloniaux figurent parmi les demandes algériennes.Tebboune et Macron ont abordé lors de leur entretien « la lutte contre le terrorisme au Sahel ». L’action des militaires français au Sahel de l’opération Barkhane est critiquée actuellement au Mali, au Burkina Faso, au Niger et au Tchad. Cela a notamment alimenté une crise diplomatique avec Bamako amenant les autorités de transition maliennes à expulser l’ambassadeur de France après les propos qualifiés « d’hostiles et d’outrageux » de Jean Yves Le Drian. Le chef de la diplomatie française avait traité les autorités de transition maliennes « d’illégitimes ».