Dans quelques jours, la capitale vibrera au rythme du 28e Salon international du livre d’Alger (SILA). L’événement, attendu du 29 octobre au 8 novembre 2025, investira comme chaque année le Palais des expositions des Pins Maritimes (SAFEX).
Selon Mohamed Iguerb, commissaire du Salon, pas moins de 1 254 exposants algériens et étrangers y présenteront près de 240 000 ouvrages, promettant une édition particulièrement riche et variée. L’annonce a été faite lors d’une conférence de presse tenue à la Bibliothèque nationale d’El Hamma.
Sous le slogan « Le livre, rencontre des civilisations », cette nouvelle édition placera la République islamique de Mauritanie à l’honneur. Ce choix illustre la profondeur des relations culturelles, historiques et économiques entre les deux pays. Le pavillon mauritanien proposera un programme dédié à la découverte de la richesse littéraire et intellectuelle de ce pays frère. Au total, 49 nations issues de différents continents ; Afrique, monde arabe, Europe, Amérique et Asie prendront part à ce grand rassemblement littéraire.
Le commissariat général estime que les 565 stands installés sur le site devraient recevoir plus de cinq millions de visiteurs, encadrés et animés par quelque 250 auteurs.
Un espace de réflexion sur le monde et la mémoire
Cette année le programme culturel du SILA se veut à la fois dense et engagé. Cinquante-cinq activités conférences, tables rondes, soirées poétiques aborderont des thématiques mêlant Histoire, identité, Mémoire et ouverture sur le monde.
Mohamed Iguerb a insisté sur la portée symbolique de cette édition, qui se déroule dans un contexte mondial en pleine mutation. Le Salon ambitionne, selon lui, de devenir un lieu de réflexion sur le rôle du livre face aux transformations politiques, technologiques et culturelles contemporaines. L’objectif : favoriser le dialogue, défendre les valeurs de liberté intellectuelle et promouvoir une culture du vivre-ensemble.
Des hommages à des figures majeures
Parmi les moments marquants, un hommage sera rendu à Abdelhamid Benhadouga, à l’occasion du centenaire de sa naissance. Considéré comme le pionnier du roman algérien d’expression arabe, il sera question de réflexion sur son œuvre, notamment Le Vent du Sud, et sur la manière de relire aujourd’hui cet écrivain emblématique. Un autre hommage sera consacré à Rachid Boudjedra, auteur prolifique et figure incontournable des lettres algériennes.
Le Salon mettra également à l’honneur Frantz Fanon, penseur et militant anticolonial, dont on célèbre également le centenaire de la naissance. Les discussions reviendront sur son héritage intellectuel et son influence sur la pensée décoloniale moderne.
Plusieurs conférences seront dédiées aux luttes pour l’indépendance des peuples, notamment celles de la Palestine et du Sahara occidental, et aborderont les crimes du colonialisme français, les massacres du 8 mai 1945, ainsi que les offensives du 20 août 1955.
Une session spéciale évoquera par ailleurs l’Émir Abdelkader, figure fondatrice de l’État algérien moderne. Les débats s’ouvriront aussi sur les enjeux contemporains liés à l’intelligence artificielle et aux médias numériques, questionnant la place de la culture et du livre dans la construction d’un monde plus libre, tolérant et humaniste.
Jeunesse, créativité et transmission
Un colloque international se tiendra le 4 novembre à l’hôtel El Aurassi autour du thème « L’Algérie dans la civilisation ». Chercheurs, écrivains et universitaires y mettront en lumière la créativité algérienne et la contribution historique des intellectuels du pays au patrimoine universel de la science, de la littérature et de la pensée.
Un espace jeunesse sera spécialement aménagé pour les enfants, avec des ateliers de lecture, d’écriture et de dessin, destinés à éveiller leur goût pour les mots et les histoires.
Enfin, lors de la cérémonie de clôture, un prix littéraire récompensera de jeunes auteurs de moins de 30 ans, afin d’encourager les nouvelles voix de la littérature algérienne et de leur offrir une véritable vitrine d’expression.
Le SILA conclura cette édition par un hommage collectif aux écrivains et intellectuels disparus, un geste de mémoire et de reconnaissance envers ceux qui ont façonné la culture et la pensée algériennes.