La Cour d’appel de Tizi Ouzou a confirmé, lundi en fin de journée, la condamnation à sept ans de prison prononcée en première instance contre le journaliste français Christophe Gleizes pour apologie du terrorisme. L’accusé dispose désormais de huit jours pour introduire un pourvoi en cassation devant la Cour suprême. Selon ses avocats, la défense « va se concerter avec l’accusé et sa famille avant de prendre une décision » quant à la suite à donner.
À la barre, un journaliste en larmes
Âgé de 36 ans, collaborateur des magazines So Foot et Society, Christophe Gleizes est poursuivi au titre des article 87 bis, et 87-4 bis et l’article 96 du code pénal pour apologie du terrorisme et détention de documents susceptibles de porter atteinte à l’intérêt national. L’accusé était apparu quelques minutes après 9H à la cour de Tizi-Ouzou, souriant à ses parents, son avocat français, sa compagne et une haute personnalité du monde du sport qui a fait le déplacement à Tizi-Ouzou. Eprouvé, par un log interrogatoire qui a duré plus de 4 heures, il a reconnu avoir commis « beaucoup d’erreurs journalistiques malgré (ses) bonnes intentions », notamment celle d’être entré en Algérie avec un visa touristique et non professionnel.
Sa voix s’est brisée lorsqu’il a demandé « pardon » implorant la clémence de la Cour et assurant n’avoir « jamais eu l’intention de nuire ». « Je veux seulement retrouver ma famille », a-t-il murmuré la voix étranglée par ses sanglots, sous le regard larmoyant de sa mère, de sa compagne et son beau-père qui ont fait le déplacement à Tizi_Ouzou pour assister à son procès.
Les magistrats dans leurs interrogatoire insisté sur les relations de l’accusé avec des membres de l’organsiation terroriste le MAK. Le président de l’audience, un magistrat d’âge murs aux cheveux grisonnant, a interrogé spécialement Gleizes sur une rencontre, en octobre 2021 à Paris, avec Ferhat Mehenni, président du MAK, classé organisation terroriste en Algérie depuis mai 2021. Gleizes a affirmé ne pas en avoir eu connaissance à l’époque et que pour lui il s’agissait d’un simple réfugié politique en France. « Je n’étais pas au courant, et j’ai honte de le dire. Cela porte atteinte à mes compétences. J’ai complètement raté cette information», a-t-il ajouté.
Une défense qui dénonce un dossier “vide”
Lors de la plaidoirie, l’avocat français du journaliste, Me Emmanuel Daoud, qui a axé sa plaidoirie sur le caractère politique de l’affaire et ses ramifications en France, a insisté sur l’absence totale d’éléments matériels venant étayer l’accusation d’apologie du terrorisme.
« Toutes les expertises informatiques n’ont rien donné », a-t-il rappelé, soulignant que l’ordinateur du journaliste ne contient aucun document en lien avec l’affaire. Il a estimé que l’ensemble du dossier repose sur des interprétations plutôt que sur des preuves « Il n’y a aucune preuve matérielle. Le dossier est vide. »
Son avocat algérien, Me Amirouche Bakouri, a de son côté, rappelé que la législation en vigueur ne prévoit aucune peine de prison pour un journaliste étranger travaillant sans accréditation, mais seulement des sanctions administratives allant de 500 000 à 1 000 000 DA. Il avait auparavant, reproché au procureur général l’approche du « tout sécuritaire ».
Un réquisitoire sévère
Le procureur de la République a réclamé un alourdissement de la peine à dix ans de prison, comme lors du premier procès.
Selon lui, « l’accusé n’est pas venu en Algérie pour accomplir un travail journalistique, mais pour commettre un acte hostile ». Le magistrat a évoqué les années 1990 et le coût humain de la déstabilisation, estimant que le pays ne pouvait « plus se permettre de retomber dans de tels scénarios ». Il a insisté sur la nécessité d’intransigeance sur ce genre de dossier.
Un verdict chquant pour la famille
Après près d’une heure de délibération, la Cour a confirmé le jugement initial. Dans la salle d’audience, un silence lourd s’est imposé. Les parents du journaliste ont accusé le coup ; Gleizes, lui, semblait écrasé par la décision, peinant à se relever avant d’être reconduit vers sa cellule.
En ce 3 décembre pluvieux, l’espoir d’une réduction de peine s’est évaporé, ne laissant place qu’à une détresse visible.










