Cinéma: “The emigrants” ou la saga douloureuse des suédois partis en Amérique

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Le long métrage “The emigrants”, projeté mardi 24 janvier à la cinémathèque d’Alger, à la faveur des 7ème Journées du film européen, raconte l’histoire des migrants partis aux Etats-Unis vers 1849.
Réalisé par le norvégien Erik Poppe, “The emigrants” narre sur près de 150 minutes la saga des familles fuyant la grande famine en Suède. C’est une autre lecture d’un roman de Vilhelm Moberg.


En 1949,  Vilhelm Moberg a publié sur dix ans “La Saga des émigrants” (Utvandrarserien en suédois). Il s’agit d’une série de quatre romans : “Les émigrés” (Utvandrarna), “Les immigrés” (Invandrarna), “Les colons” (Nybygge Rna) et “Dernière lettre à la Suède” (Sista brevet till Sverige).  En 1971, le suédois  Jan Troell a réalisé  “The emigrants” (les migrants) d’après cette série de romans.
Le long métrage d’Erik Poppe n’est pas un remake du film de 1971 mais une nouvelle version sur l’histoire de la famille paysanne de Karl Oskar Nilsson avec un vif intérêt pour la psychologie des personnages.


Karl Oskar (Gustaf Skarsgård) n’arrive plus à trouver de quoi nourrir sa famille, la terre est devenue sèche et ne donne plus rien. La mort brusque de sa fille Anna qui a avalé une herbe toxique le conforte dans sa décision de quitter un pays, “devenu comme un rocher”. Son épouse Kristina (Lisa Carlehed) est hésitante surtout que sa mère est opposée à ce projet de départ. “En Amérique, il y a des indiens qui sont moitié homme, moitié animal”, dit-elle à sa fille qui donne l’impression de la croire.


Tradition luthérienne

Le voyage vers l’Amérique est pénible à bord d’un bateau secoué par les tempêtes. Kristina, qui fait tout pour protéger ses enfants, se dispute avec Ulrika (Tove Lo), une prostituée. Mais, une fois en Amérique, Ulrika retrouve la fille aînée de Kristina qui s’est perdue dans la gare ferroviaire. Les deux femmes deviennent amies.


Karl Oskar construit une maison en bois dans une forêt, non loin d’un lac, au Minnesota. “Ici, la terre est fertile”, dit-il. Il y  plante un pommier ramené de Suède. Petit à petit, une petite communauté suédoise s’installe dans la région.
Un prêtre et son épouse tentent d’imposer au groupe le respect de la tradition luthérienne dans son expression la plus rigide. Kristina, croyante, est, contrairement à son époux, sensible aux orientations religieuses. Une voix-off restitue les pensées évasives et craintives de Kristina qui croit que Dieu la punit pour avoir désobéi à sa mère.


Les douleurs du déracinement

Le conflit éclate lorsque le prêtre et son épouse décident que seuls les garçons soient scolarisés. Karl Oskar rappelle qu’ils vivent dans un nouveau monde, un autre pays, et que ce qui était valable en Suède ne l’est plus en Amérique où les idées religieuses sont plus ouvertes. Kristina ne l’écoute pas de cette oreille et se dispute même avec Ulrika à cause du tissu de sa robe, non conforme à la religion. Mais Kristina, qui tombe malade, découvre qu’elle était dans l’erreur, qu’il fallait tourner la page, voir les choses autrement.


Erik Poppe a su raconter son histoire s’appuyant sur des dialogues bien écrits, une mise en scène qui dévoile doucement les caractères des personnages, des images qui mettent en valeur la beauté de la nature et une musique introduite là où il faut pour intensifier les émotions. Le scénario d’Anna Bache-Wiig et Siv Rajendram Eliassen a donné plus de place au personnage de Kristina parce qu’elle est la plus fragile et la plus sensible. Elle comprend le mieux ce que peut signifier partir, s’arracher de sa terre. Le film rappelle que quel que soit l’origine, les migrants peuvent parfois vivre les mêmes situations surtout lorsqu’ils découvrent un monde différent. Il souligne les douleurs du déracinement et de l’éloignement de la terre natale. “The emigrants” est aussi une critique du poids de la croyance chrétienne chez les scandinaves. Une croyance qui parfois étouffe la liberté des individus, écrase leur dignité et efface leur différence.  


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