Kathryn Mathews Degraff, une américaine dans la guerre d’Algérie

Kathryn Mathews Degraff, une américaine dans la guerre d'Algérie

En 1957, une jeune Américaine traverse l’Atlantique pour rejoindre le maquis algérien. Armée d’un appareil photo et d’un courage hors du commun, Kathryn Updegraff veut témoigner de la guerre d’indépendance. Ses archives retrouvées des décennies plus tard révèlent un pan oublié de l’histoire : le rôle crucial des femmes dans l’Armée de libération nationale (ALN) et la force d’une solidarité universelle.

La genèse d’un engagement : des études à la lutte pour l’indépendance

En 1957, dans les montagnes de l’est de l’Algérie, des avions militaires français survolent de très près une jeune femme. L’un d’eux vole si bas, au niveau des arbres, qu’elle arrive à voir le visage du pilote et les mitrailleuses attachées aux ailes de l’avion. Elle sait qu’elle devrait se raidir, rester immobile, mais elle est trop effrayée. Elle se plonge dans une fossée et allonge son corps dans une rigole. Elle courbe son dos dans l’attente d’une rafale et crie, à haute voix: “Mon Dieu, j’ai peur!” L’avion rôde au-dessus d’elle… Puis s’en va.

La jeune femme s’appelle Kathryn Updegraff. Elle est américaine et joue à la journaliste dans l’espoir de dire au monde en image, avec film et photo, que les Algériens sont en guerre contre la France coloniale, qu’ils luttent pour leurs vies et pour l’indépendance de leur pays. C’est une guerre qui a débuté il y a près de trois ans et semble interminable. De fait, elle ne prendra fin que cinq ans plus tard…

Kathryn a grandi en Californie. Elle est sensible, intelligente, perspicace. Elle est grande pour une femme—statuesque. Et elle est belle. Pendant ses études à Berkeley en Californie, Kathryn a appris l’existence d’Ibn Khaldoun (1332-1406) philosophe et sociologue arabe du 14ème siècle, né à Tunis. Sa vie et ses idées ont captivé Kathryn. En 1955, attirée par les réalités de la politique et la dynamique économique et sociale des théories soutenues par Ibn Khaldoun, elle a changé le sujet de ses études, la religion médiévale, pour les théories fondamentales d’Ibn Khaldoun. Elle s’est mise à l’étude de l’Afrique du Nord, en particulier de l’Algérie—son passé, son peuple et la guerre d’indépendance dont la presse occidentale parlait si peu.

Kathryn, une fois sa maîtrise terminée, est partie pour New York où elle serait plus près des nouvelles, des contacts et du travail humanitaire. Elle fut engagée par Unicef et très rapidement eut découvert le Bureau Algérien, une locale située près de l’Onu qui était le centre pour toute information sur la guerre d’Algérie. C’était une petite opération fondée par Hocine Ait-Ahmed et M’hamed Yazid en 1955 pour faire connaître les buts de la guerre aussi bien que ses origines en condamnant la France pour sa politique de torture, d’assassinat et de misère infligée au peuple algérien. Il faudrait attendre 1960 pour que les Nations Unies adoptent une résolution condamnant le colonialisme. Il faudra encore un an pour que cette institution adopte une résolution en faveur de l’indépendance de l’Algérie.

Kathryn ne savait probablement pas que les avions qui la survolaient et auraient pu mettre fin à sa vie étaient d’origine américaine, avaient été fabriqués aux États-Unis, puis transportés en France pour contribuer à la guerre que menait ce pays contre l’Algérie. Peu de gens connaissaient ce fait à l’époque.

Au cœur du maquis : les yeux américains de la révolution

Les exploits de Kathryn sont restés inconnus depuis soixante-huit ans, presque trois quarts de siècle. On l’a à peine entendue, sa force et son courage sont restés ignorés, son habileté technique, sa volonté de mettre sa vie en ligne pour la liberté du peuple algérien…inconnues. Les yeux du monde, notamment les yeux des Algériens n’ont jamais contemplé ses photos et vu leur importance singulière.

Son travail est particulièrement révélateur de la participation de femmes algériennes dans l’ALN (Armée de Libération nationale), un hommage non seulement à leur courage mais aussi à leur compétence en tant qu’infirmières-soldats, et comme soigneuses des populations locales et réfugiées. “Les Algériens ne savent pas ce que veut dire ‘la peur’, et leur manque de peur est contagieux,” écrivait Kathryn.

L’histoire de Kathryn mérite d’être racontée et entendue. Elle était déterminée d’entrer dans le maquis algérien et de faire tout son possible pour créer les documents qui diraient au monde que le peuple algérien combattait et mourait pour sa liberté. Elle avait besoin de trouver les moyens pour le faire. Elle a répondu à une annonce pour enseignante de littérature anglaise dans une école de jeunes femmes à Istanbul; et fut engagée. Elle serait plus près de l’Afrique du Nord; elle aurait un salaire, des vacances d’été et suffisamment d’argent pour se procurer de l’équipement photographique et cinématographique.

À l’époque, les avions qui transportaient des passagers à travers l’Océan Atlantique ne faisaient que commencer à s’organiser. C’était par bateau que l’on traversait l’Atlantique comme allait le faire Kathryn. Et Kathryn ignorait que de traverser l’Atlantique n’était que la première étape d’un voyage plus long vers l’Algérie. Dans la photo, elle est debout au deuxième étage et lève sa main de façon énergique pour s’assurer que la personne derrière l’appareil de photo la voit bien. Sur le dos de la photo, en encre à peine visible, il est écrit : “Departure NY 1957” (No 1.1 et 1.2).

Le geste est solitaire mais résonne. Nous pouvons presque entendre une voix crier “Kathryn! Fais attention à toi!” Quand on étudie l’image nous prenons la place d’un ami ou d’un proche qui reste sur place et qui doit se trouver quelque part entre l’envie de prendre part au voyage et la détermination de rester ferme jusqu’au moment où le bateau lève l’ancre.

L’excitation de Kathryn nous atteint. Elle part pour l’Italie. Pour atteindre le port près de Rome, il faudra trois ou quatre semaines. Là, elle prendra un autre bateau pour traverser la Méditerranée pour Tunis où elle est attendue. M’hamed Yazid et Abdelkader Chanderli du bureau FLN de New York avaient avisé le quartier général du Front à Tunis qu’elle arrivait. Un chauffeur l’attendait et l’amène au ministère de l’Information où elle est accueillie officiellement. Au cours de ses rencontres, Kathryn se rend compte de tout ce que l’on attend de son séjour du point de vue journalistique, des attentes qu’elle estime au-dessus de ses moyens:

“Dans ma tête je me disais que j’espérais que pour cette occasion qui m’était donnée sans contrainte aucune, je serais à la hauteur et que je pourrais écrire quelques bons articles et qu’ils seront publiés. Si je ne réussis pas, je vais avoir le sentiment d’être un imposteur….Me voici le premier jour en Tunisie, dans le bureau du ministre, Mademoiselle Rien du Tout, avec, à mon crédit, deux petits articles minables dans des revues et quelques articles de journal d’aucune portée, recevant toute la courtoisie et la considération qu’un prix Pulitzer aurait droit de recevoir. On met à ma disposition toutes les facilités de l’administration…Je me trouve soudainement au centre de l’océan. Je dois apprendre à nager….”

Le voyage de Kathryn a coïncidé avec une période durant laquelle la direction algérienne, consciente de la nécessité du soutien international, avait décidé d’ouvrir le pays aux journalistes du monde entier. Kathryn devait apprendre que quatre autres Américains avaient été en Algérie en même temps qu’elle. Elle ne les a pas rencontrés, pas même l’autre femme américaine, la photo-journaliste Dickey Chapelle du Wisconsin, qui était reçue par le Bataillon Scorpion dans les montagnes Atlas. Cependant, la trajectoire de leurs photos et articles aurait le même destin. La France, soutenue par les États-Unis et d’autres pays occidentaux, bloquait les informations sur la guerre dans la presse occidentale. Le peuple américain allait ignorer les exceptionnels évènements qui avaient lieu en Afrique du Nord. L’état français présentait la guerre comme une simple manifestation. Les jeunes Français qui partaient en guerre croyaient faire leur service militaire! Comme l’a révélé l’historienne Raphaëlle Branche dans son livre Papa, qu’as-tu fait en Algérie?, beaucoup de jeunes recrues n’ont pas réalisé qu’ils partaient en guerre, n’étaient pas prêts pour la violence qu’ils allaient voir et dont ils allaient être les acteurs. Pendant que le FLN ouvrait le pays à des journalistes du monde entier, l’état français restait une forteresse de contrôle colonial pour même ses propres soldats qui ne se rendaient compte qu’on les avait envoyé faire la guerre que lorsqu’ils se trouvaient dans les tranchées…

Kathryn est partie le plus vite possible pour la frontière algéro-tunisienne avec trois soldats de l’armée de libération. Ils se sont arrêtés dans une base de repos, ont déjeuné avec les hommes stationnés là et appris qu’une unité militaire française a pris position en haut d’une colline qui surplombait la base de repos ainsi que la vallée que Kathryn et ses accompagnateurs auraient à traverser.

Kathryn et Youssef, son garde du corps et interprète, qui était aussi officier des renseignements, sont partis vers la frontière en voiture. Celle-ci n’avait pas encore été électrifiée par les Français. Avec les trois soldats, ils ont traversé à pied et sont partis vers le quartier général de la Seconde Bataillon de la Zone Est où ils devaient rencontrer l’unité médicale de femmes-soldats. En haut d’une colline ils ont rejoint les infirmières et le capitaine de la bataillon qui était en train d’observer les troupes françaises de l’autre côté de la vallée. Le capitaine estimait que les Français n’avaient pas l’intention d’attaquer tout de suite.

D’autres soldats et officiers rejoignent le groupe. Le repas du soir a lieu à l’intérieur autour d’une grande table avec quelques hommes civils âgés et des combattants non militaires qui sont venus pour rencontrer la journaliste américaine. Kathryn dormira sur une large plateforme avec une dizaine d’autres personnes. Elle recevra davantage de paille et une couverture. Le capitaine dit qu’ils peuvent enlever leurs chaussures car il n’y a pas de danger de raid surprise dans la nuit. Le lendemain ils découvrent que les Français se sont retirés du plateau. Kathryn commence à prendre des photos et faire des interviews.

Le lendemain Kathryn est partie avec l’unité médicale pour une journée avec des réfugiés qui avaient besoin de soins. Ils souffraient de malaria et des blessures reçues lorsqu’ils ont été battus physiquement quand l’armée française a détruit leur village (no. 2). Le lendemain matin, les avions français attaquent la base de l’unité médicale. Après l’attaque, elles partent vers un autre campement. Une clinique médicale est mise sur pied. Kathryn prend des photos des infirmières au travail.

Ces villageois étaient arrivés plusieurs mois avant et étaient logés dans des cabanes construites pour eux par l’armée. Celle que Kathryn et les infirmières occupaient était semblable. Elle était couverte de feuilles vertes fraîches mélangées à du foin pour former une couche protectrice contre la pluie. Dix personnes pouvaient s’y loger.

Le lendemain Kathryn partirait de nouveau avec l’unité médicale. Elles arriveraient à destination à la tombée de la nuit. Les infirmières préparent un dîner de pain cuit sur des pierres plates. Un fermier local leur offre de la place pour dormir et s’apprête à dormir dehors avec sa famille malgré les protestations des infirmières. Pendant la nuit elles entendent de lointains coups de feu…

Dans la matinée elles devaient recevoir un compte rendu de l’attaque de la nuit précédente. Les pertes ennemies étaient lourdes tandis que celles des Algériens furent légères. Youssef expliquait que la tactique de l’ALN consistait à faire distribuer les hommes séparément sur un terrain étendu, tandis que les Français concentraient leurs troupes. Elles devenaient une cible importante et visible tandis que les Algériens étaient présents comme individus largement dispersés et cachés.

Un dîner collectif a suivi la journée du travail. Un jeune homme s’est mis à chanter une ballade sur la Deuxième Bataillon à l’intention de l’invitée américaine. Kathryn se rappellerait longtemps de cette voix qui transperçait la nuit algérienne.

À leur retour au quartier général du bataillon, ils seront l’objet d’une attaque intensive des avions qui les survolaient en raids répétés. L’unité médicale se cache dans les arbres et reste tout à fait immobile. Les arbres deviennent de plus en plus rares. Youssef disait que les avions volaient à une telle vitesse que les pilotes ne pouvaient apercevoir que des gens et objets qui bougent.

Pendant qu’ils avancent, ils rencontrent un groupe de soldats de l’ALN qui marche dans la direction opposée. Kathryn écrit: “La prochaine fois que les avions survolent je me cache. Le groupe de soldats continue de marcher, encore très vite, sans faire attention aux avions. J’admire leur courage et nonchalance. Chaque fois que les avions nous survolent, je me demande si j’ai peur. Étant donné que j’ai trouvé un endroit à l’ombre avant que les avions m’atteignent, je n’ai pas peur. Ma plus grande peur depuis le début était que j’aurais peur. “Jusqu’ici, a-t-elle écrit, “je n’ai eu un seul moment de peur.”

Après le passage des avions, l’unité atteint une ferme entourée d’un verger. Le groupe se reconstitue: des soldats ainsi que des combattants civils et des paysans se réassemblent. Les infirmières resteraient la nuit mais Kathryn suivrait le chemin de Tunis. “Nous avons mangé de belles figues de couleur pourpre” s’est-elle rappelée. “Puis nous avons tous dit au revoir en s’étreignant et se serrant les mains.”

L’attaque directe d’un avion que Kathryn a subie, qui est racontée en début de ce récit, a eu lieu dans la montagne lorsqu’elle redescendait vers Tunis. Aussi, sur la route de Tunis, des camions militaires français passent l’unité dans laquelle se trouve Kathryn, Youssef , des soldats de l’ALN et le mulet que utilise Kathryn parfois. Ils se cacheraient tous dans le champ qui se trouve en contrebas de la route. Ils resteraient aplatis et immobiles.

Un héritage redécouvert : le témoignage visuel de l’engagement des femmes

Des décennies plus tard, ces souvenirs de Kathryn ont été retrouvés parmi ses affaires personnelles retenues par sa famille après sa mort en 2018. À l’intérieur d’une petite enveloppe appelée “Algeria 1957” se trouve une série de photos. À première vue elles semblent mises au hasard mais le fait qu’elles soient de taille semblable suggèrent qu’elles sont d’une même série et seraient une sorte de journal de son séjour avec la Deuxième Bataillon. Dans l’enveloppe, une liste écrite à la main après la phrase “from left to right” il y a 17 entrées. Bien qu’elles soient en désordre on arrive à les démêler. Ce qui ressort est une narrative visuelle: des moments d’attente, d’entraînement, de gaieté, de sérieux, lorsque Kathryn et ses compagnons venaient en aide aux combattants et aux populations civiles.

La première image dans la série est de deux femmes, Akila et Hadja, toutes deux de véritables infirmières-soldats dans l’unité médicale de l’ALN, lorsqu’elles émergent d’un abri fait de bois et de paille, une sorte de gourbi (No. 3). Kathryn était stationnée avec elles dans le maquis. Au moment où la photo était prise, Akila avait été dans l’armée depuis un an tandis que Hadja n’était dans les montagnes que depuis trois mois. Ces abris étaient des lieux où manger et se reposer avant de reprendre ses activités.

Bien qu’absente dans l’image, Il existait tout un réseau de femmes locales qui soutenait discrètement les combattantes. L’une d’elle, Aïcha Kemmas, qui a rejoint la résistance lorsqu’elle avait quarante-quatre ans, a décrit ce travail clandestin dans un récit: “Des fois nous avons fait la cuisine pour les moudjahidines, les femmes soldats, toute la nuit. Aussi, la nuit, nous avons fait la garde pour elles.” La photo de Kathryn nous montre une réalité, aussi bien visible que cachée, qui formait la base de la lutte révolutionnaire trop souvent narrée sans les femmes.

Bien que Aïcha et d’autres n’y sont pas, la photo nous montre des moments de détente entre Akila, décrite par Kathryn comme sa meilleure camarade, et Hadja, dont le large sourire nous révèle la force de leur entente. Toutes les deux portent des uniformes standard, mais la ceinture de Hadja, décorée d’une grenade et d’un petit couteau, nous montrent discrètement les différents niveaux de responsabilité qu’elles portaient. Ce sont des femmes qui étaient amenées à soigner mais aussi à combattre. Lors de cette scène tranquille, même joyeuse, leur sens de sécurité trouve racine dans la communauté qui les entoure, où se trouve Kathryn derrière un appareil de photo.

Une autre photo extraite de l’enveloppe est de Kathryn et de Hadja qui lui montre comment tenir une grenade (No. 4). L’image souligne un moment d’instruction et de confiance partagée. On voit Kathryn attentive et Hadja enseignante, ce qui nous montre l’expérience et définit les relations des femmes dans le maquis. En mettant l’accent sur cet échange, la photo représente une réplique aux images du héroïsme de guerre basés le plus souvent sur les images de combat et met l’accent sur les actes de tous les jours, de soin et de collaboration. En montrant Hadja comme instructeur habile, l’image rejette les représentations coloniales et patriarcales des femmes algériennes comme étant seulement symboliques.

Une autre photo dans la série révèle un moment plus léger: ce sont Kathryn, Akila, Lakhdar et Youssef assis ensemble dans une éclaircie en attendant une démonstration de bazooka (No. 5) Entourés de végétation dans un paysage rude, ils sont à l’aise. Kathryn avance vers Akila en souriant, Lakhdar est assis les jambes croisées, Youssef s’étend tranquillement. Tandis que leurs uniformes et armes cachées nous rappellent qu’ils sont en situation de guerre, l’atmosphère est celle de confiance et de solidarité, façonnée par les longues journées de travail et de risque. Les deux dernières photos (no 6.1 et 6.2) dans cette série sont celles de femmes soldats en formation d’apparat, avec devant elles une femme chef. L’une des photos est vue de côté et l’autre de devant. Ces photos s’expliquent sans commentaire…

De Tunis à Alger : les premiers pas de l’Algérie indépendante

Après que les sept jours ont pris fin et qu’elle est partie à Istanbul, Kathryn ne retournera pas dans le maquis mais passera ses étés à Tunis lors des vacances afin de donner des cours d’anglais aux étudiants algériens qui n’ont pas été admis dans les universités françaises.

Kathryn était présente en Tunisie en 1958 lorsque l’aviation française a bombardé Sakiat Sidi Youssef dans la banlieue de Tunis infligeant d’énormes dégâts et de nombreux victimes innocentes dont les enfants d’une école primaire. Cette attaque était considérée comme avertissement à la Tunisie récemment indépendante qui appuyait l’Algérie en lutte. Kathryn était particulièrement active à la radio tunisienne en faisant des reportages sur les évènements.

Lorsqu’elle est rentrée aux États-Unis, Kathryn, toujours très concernée par l’indépendance de l’Algérie, s’est remise à faire du volontariat au Bureau Algérien de New York. Elle a, quand c’était possible, donné des conférences sur les drames du colonialisme et la lutte algérienne, en mettant en avant sa propre expérience dans le maquis. C’était dans ce bureau que Kathryn et Elaine Mokhtefi se sont rencontrées et sont devenues des amies à vie.

En septembre 1962, Kathryn a ramassé son équipement photo une fois de plus et est partie pour l’Algérie (No.7). Kathryn et Elaine se sont retrouvées à Alger et ont partagé un appartement en ville. Kathryn a sorti une série magnifique de photos des premières heures de l’indépendance: la joie d’être libres, les femmes algériennes en train de voter pour la première fois (No.8.1) dont une a été publiée par le magazine Time (No. 8.2), le président algérien Ahmed Ben Bella accueilli par une foule de gens (No 9.1) et le drapeau national au-dessous des multitudes (No. 9.2). Les deux amies ont célébré ensemble les évènements marquants de l’indépendance (10.1 et 10.2).

Elaine a rendu visite à Kathryn pour la dernière fois en Californie peu avant sa mort en 2018. Sa mémoire déclinait mais elle a pu convenir que sa vie avait été exceptionnelle… C’est le cas de le dire!….

Notes de bas de page et crédits photographiques originaux

  • No. 1.1 Photographe inconnu, Départ de New York, 1957, Photographie, 1957, The Degraff/Updegraff Archive.
  • No. 1.2 (verso), Photographe inconnu, Départ de New York, 1957, Photographie, 1957, The Degraff/Updegraff Archive.
  • No. 2. Kathryn Updegraff, sans titre, août 1957, The Degraff/Updegraff Archive.
  • No. 3 Kathryn Updegraff, Akila et Hadja sortant de nos gourbi, les cabanes en rondins et en paille qui offrent un abri à la montagne. Akila et Hadja sont toutes deux infirmières diplômées et servent dans l’unité médicale du 2e bataillon. Akila était dans le maquis depuis un an et Hadja depuis trois mois au moment où cette photo a été prise, août 1957, The Degraff/Updegraff Archive. Remarque : L’image a été modifiée pour plus de clarté.
  • No. 4 Kathryn Updegraff, Hadja me montrant [Kathryn] comment une grenade à main est tenue, août 1957, The Degraff/Updegraff Archive.
  • No. 5 Kathryn Updegraff, En attendant l’arrivée du Bazooka, Lakhdar, Me, Akila, and Youssef relaxing, août 1957, The Degraff/Updegraff Archive.
  • No. 6.1 Kathryn Updegraff, Moudjahidate dans le maquis, août 1957, The Degraff/Updegraff Archive.
  • No. 6.2 Kathryn Updegraff, Moudjahidate dans le maquis, août 1957.
  • No. 7 Kathryn à Alger, septembre 1962, Archives Degraff/Updegraff.
  • No. 8.1. Kathryn Updegraff, Women in line for their first experience as Voters, septembre 1962, The Degraff/Updegraff Archive.
  • No. 8.2 Kathryn Updegraff (non attribuée), En attente d’ouverture des bureaux de vote, Femmes attendant de voter lors de la première élection au suffrage universel, magazine TIME, 28 septembre 1962.
  • No. 9.1 Kathryn Updegraff, Ben Ball avec ses enfants, septembre 1962, The Degraff/Updegraff Archive.
  • No. 9.2. Kathryn Updegraff, Fêtes à Alger, septembre 1962, The Degraff/Updegraff Archive.
  • No. 10.1 Photographe inconnue, Elaine et Kathryn à Alger, septembre 1962, The Degraff/Updegraff Archive.
  • No. 10.2 Photographe inconnu, Elaine et Kathryn à Alger, septembre 1962, The Degraff/Updegraff Archive.

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