C’est du jamais vu dans l’Histoire des contrats d’armement français. Les Emirats arabes unis commandent 80 avions de chasse Rafale.
Avec la visite du président français Emmanuel Macron à Abu Dhabi, à l’occasion d’une tournée dans les pays du Golfe, le fabricant français Dassault a annoncé sur son compte Twitter la signature “d’un contrat historique” pour l’acquisition par les Emirats arabes unis de 80 avions de combat Rafale au standard F4.
Ce standard a été lancé en 2019. “Le standard F4 s’inscrit dans la démarche d’amélioration continue du Rafale selon les progrès de la technologie et les retours d’expérience des opérationnels. Après les standards F1 (spécifique aux premiers avions de la Marine), F2 (capacités air-sol et air-air), F3 et F3R (polyvalence élargie), le standard F4 marque une nouvelle étape”, précise Dassault Aviation sur son site.
“Succès à l’export”
Et d’ajouter : “nous aurons la responsabilité de mettre en œuvre des solutions de connectivité innovantes afin d’optimiser l’efficacité de notre avion dans le combat en réseau (nouvelles liaisons satellite et intra-patrouille, serveur de communication, radio logicielle). De nouvelles fonctions seront également développées pour améliorer les capacités de l’avion (évolutions des capteurs radar et optronique secteur frontal, capacités viseur de casque) et de nouveaux armements seront intégrés (missile air-air Mica NG et Armement Air-Sol Modulaire de 1000 kg)”.
“Le fleuron de l’aviation tricolore enchaîne les succès à l’export depuis quelques années, après un démarrage commercial poussif. En coulisses, les proches du dossier évoquent un contrat à environ 15 milliards d’euros pour le Rafale. Des montants rarement tutoyés dans l’histoire de l’industrie militaire française, voire dans l’industrie française tout court. Et il faut y ajouter en sus la commande pour 2 milliards d’euros de 12 hélicoptères de combat Caracal (H225M) fabriqués par Airbus Helicopters à Marignane, et des armements pour MBDA”, indique Les Echos.
Un cadeau de Noël
“L’homme fort des Emirats arabes unis, le prince héritier d’Abou Dhabi Mohammed ben Zayed Al-Nahyane, dit MBZ, a rempli la hotte de Noël du président de la République Emmanuel Macron au-delà des espérances, à l’occasion de sa visite au pavillon d’honneur de l’Exposition universelle qui se tient à Dubaï (Expo 2020)”, ajoute ce journal économique.
Dès l’annonce de la signature du contrat, les actions de Dassault Aviation et de Thales, partenaire de l’avionneur, ont bondi de 9 % et de 3 % à la Bourse de Paris.
Dans les années 1990, les Emirats arabes unis avaient acquis 60 avions de combat français Mirage. Le rêve de Paris était de les faire “remplacer” par Rafale. “Finalement, on a fait mieux en vendant 80 Rafale”, souligne un éditorialiste français.
Dassault, qui peinait à revendre les Rafale en raison de leur coût élevé, a trouvé dans la région arabe de “bons clients”.
Avant les Emirats arabes unis, l’Egypte a, en 2015, commandé 54 avions de combat. L’Egypte est le premier pays étranger à acheter les Rafale avant le Qatar. La même année, Doha a acquis 24 Rafale pour un montant de près de six milliards d’euros. Dernièrement, la Suisse a préféré acheter des F 35 américains au lieu des Rafale, suscitant la colère de Paris.
Des Rafale pour “protéger” les Français
“Côté égyptien, les ventes d’armes par la France se sont considérablement renforcées après l’arrivée au pouvoir d’Abdel Fattah Al-Sissi en 2014 : il s’agit du quatrième pays client de la France en matière d’armements, selon le rapport annuel du Parlement français”, indique le quotidien Ouest-France.
Et de poursuivre : “Emmanuel Macron avait refusé de conditionner la question des droits humains au partenariat stratégique entre Paris et Le Caire, tout en plaidant pour une ouverture démocratique et une société civile active”.
“Lorsqu’on vend des armes aux Émirats arabes unis ou des avions Rafale à l’Égypte, il faut avoir en tête que de nombreux Français résident dans le golfe arabo-persique et au Moyen-Orient, et c’est aussi un moyen d’assurer leur protection. Nous avons aussi des intérêts stratégiques communs, avec la lutte contre le terrorisme. Enfin, notre industrie de défense marche sur deux jambes, l’export en est une.”, précise, au même journal, le porte-parole du ministère des Armées, Hervé Grandjean.
Des organisations de droits de l’homme, qui ont dénoncé l’engagement militaire de l’Arabie Saoudite et des Emirats arabes unis au Yémen, craignent que les Rafales français acquis par Abu Dhabi soient utilisés dans un pays déjà meurtri par des années de guerre sans fin.