Cinéma: “Behind the mountains” ou la colère d’un homme qui sait voler

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“Behind the mountains” (Par-delà les montagnes) du tunisien  Mohamed Ben Attia a été projeté au 4ème Festival d’Annaba du film méditerranéen qui s’est déroulé du 24 au 30 avril 2024. 

En 2016, Mohamed Ben Attia a suscité l’intérêt des critiques après le succès de son premier long métrage ” Inhebbek Hedi” 

(Hedi, un vent de liberté) au Festival de Berlin, Berlinale. Majd Mastoura, qui a interprété le rôle de Hedi, a remporté l’Ours d’argent du meilleur acteur lors de ce festival. Ce premier long métrage de Mohamed Ben Attia  raconte l’histoire de Hedi, un jeune homme en quête d’indépendance après la révolte de 2011 en Tunisie. Il part travailler à Mahdia pour échapper à un projet de mariage préparé par sa mère.Dans “Behind the mountains”, Mohamed Ben Attia reprend le même Majd Mastoura pour interpréter le rôle de Rafik. Après avoir purgé une peine de prison, Rafik, séparé de sa femme, entend recupérer son fils, Yassine (Walid Bouchhioua), et s’éloigner de la ville. Il l’enlève de l’école et prend la route de la montagne. Rafik veut révéler à son enfant un secret. Rafik n’est pas comme les autres hommes, il peut voler sans ailes. Yassine, qui paraît surdoué, le croit à peine.


En cours de route, le père et son fils rencontrent un mystérieux berger (Samer Bisharat), un homme silencieux qui décide d’abandonner ses moutons pour les suivre. Une quête d’une autre vie  mais vers quelle destination ? Rafik fuit un barrage de police et va demander refuge à une famille habitant une maison en pleine forêt, composée des parents Wejdi (Helmi Dridi) et Najwa (Selma Zghidi) et l’enfant  Oussama (Wissem Belgharak).


Conflit intérieur

A l’intérieur de cette maison, les choses se compliquent lorsque Yassine confie à Oussama que son père a la capacité de voler. Personne ne croit à cette confession. A huis-clos, un conflit né entre Rafik, le berger et les propriétaires de la maison. Une violence qui paraît incompréhensible de la part des intrus.


“Behind the mountains” semble lié aux trois précédents longs métrages de Mohamed Ben Attia, ” Inhebbek Hedi” et “Weldi (“Mon cher enfant”). Dans “Weldi”, sorti en 2018,  Mohamed Ben Attia évoque l’histoire de Sami (Zakarya Ben Ayed) qui s’apprête à passer le bac mais qui souffre de fortes migraines. Il est le fils unique d’une famille ordinaire à Tunis. Un jour, Sami disparaît. Son père Riadh (Mohamed Drifh) se lance à sa recherche en dehors de la Tunisie.


Les trois longs métrages se rejoignent dans l’idée de la fuite. Hedi fuit un entourage social oppresseur, Sami un univers familial suffocant et Rafik une incompréhension sociale. Mohamed Ben Attia, qui explore le territoire du fantastique dans “Behind the mountains”, dresse un portrait critique de la société tunisienne, et par extension arabe, où l’individu doit accepter des règles, se soumettre à des pratiques et se plier à des exigences pour pouvoir y vivre. Le bonheur n’est pas toujours là où on le pense.


Quel changement ?


Rafik vole dans “Behind the mountains” pour justement dépasser les montagnes qui perturbent autant sa vision que son aspiration à vivre libre, sans enchaînement, sans contrainte. Rafik, pris par une crise de colère, a dégradé les bureaux où il travaillait et a tenté de se suicider en prison. “Peut être que les choses changent, et qu’on ne le sait pas”, confie Rafik à son fils. Un changement qui a été porteur de déceptions et de frustrations dans la Tunisie post-révolte de 2011.

Le film, qui prend parfois les contours d’une fable moderne, est un plaidoyer pour vivre autrement, sortir des conventions et de ce apparait ordinaire. Mohamed Ben Attia semble convaincu qu’il existe une façon de vivre, loin de ce qui semble tracé à l’avance, en Tunisie comme ailleurs dans le monde. “Behind the mountains” est un long métrage produit par la Tunisie, la Belgique, la France, l’Italie, l’Arabie saoudite et le Qatar. En Belgique, le film est coproduit par les célèbres réalisateurs belges Jean-Pierre et Luc Dardenne, et Tunisie, par Dora Bouchoucha et Nadim Cheikhrouha. 

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