Cinéma: “Halim Alraad”, un dur réquisitoire sur les cruautés sociales face à la vulnérabilité humaine  

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Cinéma: "Halim Alraad", un dur réquisitoire sur les cruautés sociales face à la vulnérabilité humaine  
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“Halim Alraad”, premier long métrage de Mohamed Benabdallah, aborde brutalement la question du mauvais comportement social face à la maladie mentale.
“Halim Alraad”, un drame psycho-social, a été projeté, vendredi 15 septembre, à la salle Douniazd, à Saida, à la faveur du 6 ème Festival national de la littérature et du cinéma de la femme qui se poursuit jusqu’au 17 septembre. Des applaudissements ont suivi la projection en présence du jeune cinéaste et des comédiens Dalila Nouar et Anes Tennah.


Dans une ville, qui peut ressembler à Sidi Bel Abbes, vit Halim (Anes Tennah) ou Halim Alraad en référence au dessin animé japonais doublé en arabe “Hazim Alraad” (هزيم الرعد), diffusé à la télévision algérienne au milieu des années 1990, et racontant les aventures d’un combattant courageux dans une guerre intergalactique.


Halim passe des heures à regarder des dessins animés à la télévision. Il s’identifie parfois aux personnages.  Contre l’avis de sa mère, une femme de ménage dans une entreprise, Halim aime jouer du ballon toute la journée avec les enfants. Des enfants qui souvent se moquent de lui. Un jeune drogué du quartier l’agresse pour lui arracher son ballon en cuir. Il est également frappé après une partie de baby-foot par un homme au regard haineux. 


“Je ne vous ai rien fait”

La déficience mentale de Halim ne dissuade pas les agresseurs. Halim pleure à chaque fois en rentrant à la maison en criant : “je ne vous ai rien fait pourquoi vous me frapper”. Une complainte qui déchire le cœur de sa mère. Une mère divorcée et qui se sent être désarmée face au drame, faute de famille. Elle n’est soutenue que par une voisine compréhensive.


Halim, qui croit avoir trouvé l’amour chez Amel, jeune fille soufrant de troubles mentaux aussi, passe à une autre phase dans sa vie. Une phase tragique.
Mohamed Benabdallah a filmé la ville avec ses laideurs. . Il a eu recours à la caméra à l’épaule pour donner plus de réalisme à son récit. Un récit poignant. Anes Tennah a fait beaucoup d’efforts pour camper le personnage de Halim échappant de peu au jeu théâtral alors que Dalila Nouar a su être convaincante dans le rôle d’une mère affligée, abattue.


“Un Joker” algérien

Mohamed Benabdallah, qui a réalisé des courts métrages dont “Bermuda” et “Je dirai tout à Dieu”, dresse dans son film  un réquisitoire féroce contre une société impitoyable, insensible aux malheurs des autres.
Ecrit sans retenue, son scénario, qui semble s’inspirer du long métrage américain “Joker” de Todd Phillips, n’a cherché à aucun moment à atténuer ce jugement sans appel sur la société, justifiant presque les actes vengeurs de Halim Alraad. Mohamed Benabdallah s’est basé sur du déjà vu pour construire un récit coléreux.


“Les réalisateurs sont des observateurs qui remarquent toujours des choses absurdes dans notre société. Parfois, j’ai l’impression que nous n’avons pas encore compris ce que c’est l’humanité. La société traite souvent de “bahoul” ou de “Djayeh”, les personnes qui osent s’exprimer sans complexe. Quand j’étais à l’école, j’ai remarqué que les élèves qui souffraient d’un retard mental étaient toujours à l’arrière de la classe. Beaucoup de personnes souffrent en silence en raison de déficience mentale”, a-t-il déclaré, lors du débat après la projection.


“Nous avons oublié les relations humaines”

“Dans la société algérienne, nous avons oublié les relations humaines. Nous nous occupons que de nos problèmes. Nous avons oublié l’individu. Les parents parfois ne cherchent même pas à savoir de quoi ont besoin leurs enfants sur le plan psychologique. Ils lui achètent un portable, des choses matérielles, oubliant que leur enfant a besoin d’affection”, a soutenu, pour sa part, Dalila Nouar.


Selon Mohamed Benabdallah, Halim Alraad est une victime de la période post-décennie noire en Algérie.
“Durant cette période, nous étions enfants, et  nous regardions les dessins animés en toute insouciance. Des psychologues m’ont confié qu’ils reçoivent des enfants qui ont subi des agressions  mais qui n’osent pas l’avouer. L’histoire comme celle de Halim et sa mère Hanane existe partout en Algérie. Cela devient presque normal. On voit la femme se faire agresser verbalement sans réagir. Le film est comme un miroir qui reflète ce qui se passe dans la société. J’ai laissé l’image tout dire”, a-t-il dit.


La mise en scène de Mohamed Benabdallah est simple, sans étalage, se rapproche avec prudence du néoréalisme. D’après le cinéaste, “Halim Alraad” est un film indépendant qui n’a pas bénéficié de soutien du fonds public du ministère de la Culture et des Arts. Le film est produit par Mycene Production de Yahia Mouzahem. 

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1 commentaire

  1. Produire, réaliser des films qui nous concernent est une excellente chose. C’est une des voies par lesquelles viennent les solutions. Mais je ne sais pas combien de personnes auront la possibilité de voir ce films, à part les festivals (et c’est une excellente chose) et les rencontres de ce genre. Sans égard à la qualité technique – je fais confiance à M. Métaoui pour ses appréciations – j’espère que la distribution s’empare de ce film comme d’une nécessité nationale et le diffuse sans perdre d’argent mais sans avoir pour seul obgectif d’en gagner des masses. Manfaâa âamma ! Bonne continuation.

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