La chanteuse autrichienne Andrea Fraenzel a animé la deuxième soirée du 17ème Festival international du jazz de Constantine (Dimajazz) qui se déroule jusqu’au 14 mai.
Seule en scène, Andrea Fraenzel, munie de sa basse et de son ordinateur pour le chorus, a embarqué le public nombreux de la salle Ahmed Bey de Constantine dans un voyage musical. Elle a, dès le début, installé une discussion avec les spectateurs.
“Ma première langue est l’allemand, je chante en anglais et je parle en français. J’ai expliqué au public le sens de mes chansons car parfois c’est un peu compliqué à comprendre. Je parle sur scène pour rendre l’écoute plus facile. Je fais la même chose en Autriche où l’anglais est une langue étrangère. Parler aux gens permet d’établir une connexion avec eux. Il ne s’agit pas de faire de la musique uniquement mais de parler aussi de l’inspiration et de la motivation”, a-t-elle expliqué lors de la conférence de presse, après le concert.
Andrea Fraenzel a interprété plusieurs titres rendant hommage à Sting, son idole, aux Beatles et à Annie Di Franco (chanteuse américaine). Tirées de son projet musical “Sounds of Dea”, ces chansons qui évoquent l’amour, l’espoir, les expériences de vie, les attentes douloureuses, la déception… La musique d’Andrea Fraenzel est un mélange de jazz, de pop, de bluesrock et de soul.
“On a le sentiment d’être partagé entre plusieurs espaces”
“J’ai toujours vécu dans l’entre deux, in between. Cela fait énormément plaisir d’aller vers d’autres endroits pour des séjours courts ou longs, mais, en même temps, on a le sentiment d’être partagé entre plusieurs espaces. On n’est jamais dans un endroit. Ni ici ni là. Plusieurs de mes chansons abordent cette question”, a souligné l’artiste.
Elle a parlé de ses voyages notamment en Inde où elle a approfondi ses études au Global Music Institute. Des voyages qui ont nourri aussi ses compositions musicales et ses textes.
Native de Gmunden, en haute Autriche, Andrea Fraenzel a commencé sa carrière en jouant de la guitare classique. Elle a perfectionné son jeu en étudiant aussi la basse acoustique et électrique à l’Université de musique et des arts du spectacle de Vienne. Elle a également participé au prestigieux programme de maîtrise en interprétation contemporaine du Berklee College of Music, institut américain basé au à Valence, en Espagne, où elle a reçu le “Outstanding Scholar Award”.
Andrea Fraenzel, qui a aussi appris à jouer la bass harmonica, enseigne actuellement la basse et la guitare au Musikwerkstatt, une école de musique fondée par Ursula Wex, membre du célèbre Orchestre Philharmonique de Vienne.
“Je ne regrette pas d’avoir choisi la carrière musicale”
Elle a collaboré avec de nombreux artistes comme Saavedra (Colombie), Christiane Karam (Liban), Mariano Steimberg (Argentine), Celia Mara (Brésil), Mundharmonika Quartett Austria (Autriche), Victor Mendoza (Mexique), Rabouge (Autriche), Steve Houghton (Etats Unis), Tahereh Nourani (Iran), Karin Vadon (Autriche) et Princess Angine (Russie-Autriche).
“Malgré tous les inconvénients, je ne regrette pas d’avoir choisi la carrière musicale. C’est un rêve pour moi qui s’est réalisé. Quand j’étais adolescente, j’étais fan du groupe Queen (groupe rock britannique). J’ai écouté tous leurs albums. Je n’ai pas eu de la chance de les voir sur scène. Queen m’a beaucoup influencé. Ce groupe a une impressionnante variété de compositions musicales. Cela va de la pop au jazz en passant par le rock. J’ai beaucoup aimé cela”, a-t-elle confié.
Andrea Fraenzel dit n’avoir pas beaucoup temps pour travailler sur sa propre musique, écrire des chansons, composer. “Je continue de collaborer avec d’autres musiciens et d’autres groupes. Le public de Constantine m’a donné de la motivation pour travailler sur ma musique”, a-t-elle dit.
“Je n’ai jamais rencontré une telle ambiance”
A Constantine, Andrea Fraenzel a exprimé son émerveillement devant un public réactif et chaleureux. Elle a offert quelques cartes postales de l’Autriche, un pays de forêts et de prairies, et les spectateurs lui ont offert, en échange, une rose.
“Les réactions du public étaient incroyables. Je n’ai jamais rencontré une telle ambiance. Le public m’a vite suivi dans le chant avant même que j’explique le contenu des chansons. C’est ma première visite en Algérie.
Participer au Dimajazz, qui est un grand festival, est bon pour ma carrière artistique. Je suis honorée d’avoir été invitée à y participer. Le staff technique de la scène est très professionnel. J’en suis impressionnée”, a-t-elle réagi.
et d’ajouter : “Il n’y a pas de différences qu’il y ait 150, 500 ou 1000 spectateurs dans la salle. Je fais de la musique depuis plusieurs années, je suis sur scène aussi depuis longtemps, donc, c’est devenu une routine. Au début de ma carrière, c’était terrifiant avant d’entrer sur scène. Là, je m’amuse”.
La chanteuse autrichienne connaît peu la musique algérienne : “Je connais Cheb Mami. Et j’apprends ici qu’il est algérien. Désolé, je ne le savais pas”.
Elle a aimé Constantine. “C’est une ville très ancienne avec beaucoup d’histoires. Je ne savais pas que sa création remonte à plusieurs milliers d’années. J’ai appris qu’il existe un pont de pierres ici qui est le plus long dans le monde. J’ai visité la Souika et j’ai eu le plaisir de découvrir ce quartier”, a-t-elle dit. Andrea Fraenzel sera en concert ce vendredi 13 mai, à 19 h, au Palais de la Culture Moufdi Zakaria à Alger.