Haile Supreme, musicien américain : ” Aux Etats Unis, on ne sait pas que le banjo est le petit fils du gumbri”

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Haile Supreme, musicien américain : " Aux Etats Unis, on ne sait pas que le banjo est le petit fils du gumbri"
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Haile Supreme est un chanteur, compositeur et producteur installé à Brooklyn, à New York. Il est à Taghit (Béchar) pour co-diriger la résidence artistique OneBeat Sahara. Abbay Misganaw, de son vrai nom, Haile Supreme, est d’origine éthiopienne. Ces cinq dernières années, il était en tournée avec Congo Sanchez, un projet développé par le duo Thievery Corporation, constitué d’Eric Hilton et de Rob Garza. 

Dans ce projet, il y du latin funk, du dub reggae et du hip-hop. Il a également travaillé avec le musicien et ethnomusicologue Dexter Story. “Mélangeant blues mystique, jazz intergalactique et l’esprit rub-a-dub du reggae roots, Haile Supreme est une force musicale avec laquelle il faut compter”, écrit un critique de musique. Certains comparent parfois Haile Supreme à Bob Marley ou à Curtis Mayfield.  Son dernier album EP “Earth tones”, disponible sur Spotify, est sorti en mai 2021. Il comprend six titres dont “Witness”, “Danjahrous” et “Elsewhere”.


24h Algérie: Haile Supreme, que signifie pour vous d’être en Afrique, terre de vos parents ?


Haile Supreme: Je suis ravi d’être ici en Algérie. Je suis co-concepteur du programme OneBeat. Je fais partie de Found Sound Nation (FSN, agence de création musicale) qui produit cet événement. Être en Algérie, en Afrique, veut dire beaucoup de choses pour moi. J’estime avoir  de la chance d’avoir des parents éthiopiens. Je reste attaché à mes origines, ma culture africaine. Ce voyage en Algérie est comme un pèlerinage. Les autres artistes qui sont ici représentent la troisième et la quatrième génération des afro-américains. Ils pensent que l’héritage africain leur a été volé. J’estime donc que j’ai plus de chance en restant attaché au continent de mes parents.


Les Américains reconnaissent-ils que leur musique est d’abord d’origine africaine ?


Haile Supreme: Je suis ravi que la musique m’ait ramené une nouvelle fois vers mes racines, mon berceau, en Afrique. Aux Etats Unis, il y a une grande manipulation puisque les origines et les concepts de certaines musiques sont en train de disparaître. On ne sait pas par exemple que le banjo est le petit fils du gumbri, l’instrument qui existe en Algérie et en Afrique du nord. Les sons pentatoniques joués aux Amériques sont semblables à ceux existants en Afrique du Nord.


Certains pensent que le concept “Black music”, qui désigne les musiques des afro-américains, est réducteur, voire raciste. Qu’en pensez-vous ?


Haile Supreme: C’est un terme limiteur, mais pas raciste. En usant de l’expression “Black music”, on met les artistes afro-américains dans une boite, dans une seule catégorie. Cela n’offre presque aucune possibilité aux artistes d’introduire d’autres choses. Aussi, je préfère parler de musique de la diaspora.


Que vous a apporté en termes de création artistique vos origines éthiopiennes ?


Haile Supreme: Mes origines éthiopiennes me procurent un bouclier et une épée pour me protéger des manipulations culturelles aux Etats Unis ou dans le monde occidental. L’Ethiopie est la seule nation à n’avoir pas été colonisée par les blancs (l’Ethiopie a été partiellement occupée par l’Italie entre 1935 et 1941). Les éthiopiens ne savent pas ce que c’est d’avoir un complexe d’infériorité.


Croyez-vous que les Américains regrettent leur passé esclavagiste ?


Haile Supreme: Non. Au Sud des Etats Unis par exemple, le passé eslcavagiste ne fait l’objet d’aucun regret surtout parmi les grandes familles qui ont amassé beaucoup de fortunes en exploitant les esclaves africains (dans les champs agricoles notamment). Ceux qui regrettent ce passé sont peu nombreux.  


Dans quel style musical peut-on classer Haile Supreme ?


Haile Supreme: En 2020, j’ai fait partie d’un groupe musical qui a fait l’ouverture d’une émission télévisée d’Oprah Winfrey. Je travaille avec beaucoup de chanteurs de premier rang aux Etats Unis en tant que parolier et compositeur. J’ai lancé un programme de charité, “Unity Circle”, qui tend à utiliser les moyens de l’industrie musicale pour aider les personnes démunies et marginalisées. 

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