Les Algériens ne haïssent ni la France, ni le peuple français, ni la langue française, ni la littérature française, ni l’architecture française, ni la médecine française, ni les scientifiques français, ni les révolutionnaires français, mais ils haïssent, à raison, le colonialisme français, ses exactions, ses crimes, ses massacres, ses tueries, ses viols, son racisme, son mépris et sa haine des Algériens, sa déprédation du patrimoine physique et culturel du peuple algérien, le piétinement de son identité, de ses valeurs et de son histoire.
En fait, leur expérience du colonialisme français et leur lutte victorieuse contre lui, les conduit à haïr tous les colonialismes, tous les racismes, toutes les formes de domination et d’aliénation qui portent atteinte à la dignité des humains où qu’ils se trouvent et à quelque époque que ce soit.
L’expérience historique des Algériens, expérience de la défaite et puis de la victoire, expérience de la conscience accablée et puis libre et souveraine, expérience des souffrances innommables et puis de la magnanimité, cette expérience-là est d’une richesse exceptionnelle.
Elle forme le substrat porteur de la construction d’une société et d’un État de haute valeur. Elle rend possible l’émergence de l’Algérie contemporaine comme un des lieux d’ancrage d’un monde plus juste à l’avenir, d’un monde qui s’extirpe de sa gangue d’ignorance, de cupidité, de corruption et d’affaissement moral, d’un monde respectueux des valeurs les plus précieuses de l’humanité, à savoir la justice, la liberté et -par-dessus tout- la dignité humaine.