Khaled Drareni est maintenu en prison pour des raisons politique selon son avocat
Archives
Google Actualites 24H Algerie

Le journaliste Khaled Drareni a été maintenu à la prison de Koléa alors que ses codétenus dans la même affaire, Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche, ont bénéficié de la liberté provisoire. Une discrimination que ne comprend pas sa défense. Dans cet entretien son avocat, Abdelghani Badi, revient sur la décision de la Cour d’Alger et laisse entendre que le journaliste peut être accablé par de nouvelles charges.

24H Algérie : Le journaliste Khaled Drareni a été maintenu en détention ce jeudi 2 juillet par la Cour d’Alger alors que d’autres détenus, poursuivis dans la même affaire, ont bénéficié de la libération provisoire. Existe-t-il une explication?

Abdelghani Badi : Nous sommes surpris par la non libération de Khaled Drareni alors qu’il est poursuivi dans la même affaire que Samir Benlarbi et Slimane Hamitouche. Ils sont poursuivis pour « incitation à attroupement » et « atteinte à l’unité nationale ». Le paradoxe est qu’à l’ouverture du dossier (en mars 2020), Khaled Drareni a bénéficié de la liberté provisoire alors que Benlarbi et Hamitouche avaient été mis sous mandat de dépôt. Après la clôture de l’instruction, c’est le contraire qui arrive, Drareni est maintenu en prison et Belarbi et Hamitouche mis en liberté provisoire. Nous sommes heureux par le fait que Benlarbi et Hamitouche retrouvent leur liberté mais en même temps nous sentons une certaine discrimination. Quelque chose s’est passée pour que Drareni reste en prison. Il n’y a rien dans le dossier du journaliste. Tout se qui se dit ici et là est faux. Drareni avait un appareil avec lequel il a pris des photos de Samir Benlarbi lors d’une manifestation, c’est tout.

Qu’est-ce qui se dit à propos de Khaled Drareni?

Le pouvoir manoeuvre pour lui coller des accusations alors qu’il n’y a rien. Nous étions déjà étonnés par les poursuites judiciaires engagées à son encontre en mars 2020 et là nous sommes choqués par son maintien en prison aujourd’hui.

La chambre d’accusation a-t-elle expliqué les décisions?

Aucune explication ou justification. Elle annonce la mise en liberté provisoire de deux prévenus. Elle peut évoquer la gravité des faits ou l’absence de garanties. Mais, là, les garanties sont là. Dimanche ou lundi prochain, on va retirer l’arrêt de renvoi élaboré par le juge d’instruction où la mise en liberté provisoire de Benlarbi et Hamitouche est mentionnée autant que le maintien en détention provisoire de Drareni. On ne va pas trouver plus de détails. A la limite, le juge mentionne les faits sans plus de détails. Nous dénonçons ce genre de pratiques politiques enveloppées de judiciaire. Il n’est pas normal qu’on traite un journaliste professionnel de cette manière en 2020.

Allez-vous introduire un nouvelle demande de mise en liberté provisoire ?

Nous allons d’abord voir ce qu’il y a dans l’arrêt de renvoi. Peut être que le procès sera programmé rapidement. Nous avons introduit la dernière demande de liberté provisoire fin mai 2020. Après un mois, nous pouvons renouveler la demande. Nous attendons d’abord pour savoir si une date est fixée pour le procès. S’il y a audience, nous allons plaider la mise en liberté. Maintenant, si aucune date n’est retenue pour le procès, nous allons encore élever notre voix pour exiger la liberté provisoire pour Khaled Drareni. Drareni a une adresse connue et présente toutes les garanties pour être mis en liberté provisoire ou sous contrôle judiciaire.

Avez-vous rencontré Khaled Drareni?

Oui, je l’ai rencontré ce jeudi 3 juillet en après-midi à la prison de Koléa. Il m’a chargé de transmettre un message pour dire qu’il est à l’aise et qu’il n’a rien fait quelles que soient les accusations pouvant être portées à son encontre. Il m’a dit que sa conscience est tranquille et qu’il tient à sa liberté en tant que journaliste. Pour nous, les décisions à son encontre et à l’encontre de Karim Tabou sont politiques et sécuritaires. Nous allons exprimer notre satisfaction, le jour où les autorités reconnaissent leurs erreurs. Nous ne pouvons pas saluer la privation de liberté pour personne. La mise en liberté provisoire de certains détenus à l’occasion de la fête nationale du 5 juillet peut donner l’impression qu’il s’agit d’une grâce. C’est induire l’opinion en erreur.

Existe-t-il d’autres accusations retenues contre Drareni, Benlarbi et Hamitouche?

Le samedi 7 mars 2020, ils ont été interpellés lors d’une marche à Alger et ont été accusés d’incitation à attroupement. Pendant trois jours, ils ont été interrogés par la police. Après, une autre accusation a été ajoutée :  « atteinte à l’unité nationale ». Nous avons demandé les faits qui peuvent expliquer ce chef d’inculpation, pas de réponse. Pour « incitation à attroupement », on peut en discuter sur le plan légal puisqu’ils étaient dans une marche à Alger.

Pourquoi Drareni, Benlarbi et Hamitouche ont été mis dans le même dossier judiciaire ?

Parce qu’ils ont été arrêtés ensemble au même endroit. Drareni était entrain de prendre des photos. Ce jour là, 34 personnes ont été interpellées par la police. Trente ont été remis en liberté avec des convocations pour comparaître devant la justice. Quatre ont été gardées à vue pendant trois jours : Drareni, Belarbi et Hamitouche ainsi que l’ancien policier Hassani. Hassani a été condamné à deux mois de prison avec sursis et transféré vers Chlef pour une autre affaire. 

Article précédentCoronavirus: 385 nouveaux cas en Algérie durant les dernières 24h
Article suivantCoronavirus: les réunions familiales sont à l’origine de 25 à 30% des cas de contamination en Algérie

5 Commentaires

Laisser un commentaire