Le 7 octobre 2023 sera une date importante dans l’histoire du combat palestinien pour ses droits mais, contrairement à ce que suggèrent les médias occidentaux, même les plus soucieux de préserver un peu de crédibilité, l’histoire n’a pas commencé ce jour.
Le 7 octobre, et ce n’est pas rien, a mis fin à l’illusion, entretenue par les Occidentaux et les “normalisateurs” arabes que la cause palestinienne n’existe plus, n’a plus de “sens” ou, dans le meilleur des cas, n’est plus “centrale”. Plus que jamais la question palestinienne est “centrale” car elle met en jeu des notions aussi fondamentales que le droit à la résistance des peuples sous occupation et le respect du droit international.
Le “grand sud” a découvert, une fois de plus, le vision à géométrie très variable qu’en ont les castes dirigeantes occidentales. Le contorsionnement, laborieux et pathétique, de leurs médias à présenter comme des “prisonniers” les enfants palestiniens échangés contre des “otages” israéliens, en dit long. Ce sont bien des enfants qui sont otages de l’armée israélienne depuis plusieurs années que l’opération “déluge d’Al-Aqsa” a permis de libérer et de rendre à leurs parents.
Le détournement des mots – une constante remarquable – dans les médias occidentaux est bien le corollaire de ce “double standard” que les élites occidentales cherchent à nier. En vain. Les réseaux sociaux, malgré l’outrageuse censure exercée par Meta sur l’expression et l’information sur la Palestine, parviennent à rétablir les faits, ce qui explique le décalage de plus en plus grand qui existe entre les opinions publiques et les castes dirigeantes occidentales. A l’image de la Grande-Bretagne où le consensus pro-israélien des deux partis qui dominent la scène politique – les conservateurs et les travaillistes – est mis à mal par des manifestations historiques en faveur du droit des Palestiniens.
L’entreprise de déshumanisation des Palestiniens, sommés de se soumettre, de se diluer ailleurs et de disparaître en tant que peuple, menée par une propagande soutenue a atteint ses limites. D’où d’ailleurs, la hargne et la violence avec laquelle des hommes politiques comme Jeremy Corbyn (Grande-Bretagne) ou Jean-Luc Mélenchon (France) sont attaqués. Cela ne rend que plus ridicule le zèle pro-israélien des scribes “arabes” qui, en France, s’attaquent à la solidarité qui s’exprime dans le monde entier – et pas seulement dans les pays arabes – à l’égard des Palestiniens, victimes d’une guerre ouverte d’épuration éthnique et de génocide. Ceux qui, en Occident, osent considérer qu’un Palestinien est un humain et qui, comme tel, a le droit de résister à l’oppression, sont lourdement accusés de trahir l’idée implicite d’une suprémacie occidentale, qui inclut Israël vue comme un poste avancé chez les “barbaresques”.
Les élites dirigeantes arabes normalisatrices se retrouvent, une fois de plus, dénudées et sont contraintes de dénoncer, au moins formellement, le double standard qu’elles acceptaient de fait en raison de leur vassalité.
La résistance des Palestiniens ne disparaît pas et la solidarité des peuples est encore plus forte que jamais. Le 7 octobre a surtout mis à mal la croyance que la supériorité militaire et technologique rend illusoire toute velléité de résistance à l’oppression. L’audace de l’opération Déluge d’Al-Aqsa montre que la volonté et le refus de l’oppression peuvent surmonter les rapports de force les plus défavorables. Plus personne, hormis ceux qui prônent une extermination pure et simple, ne pourra désormais dire que la question palestinienne n’existe plus ou est secondaire.
“Notre liberté est incomplète sans la liberté des Palestiniens” a dit Nelson Mandela en 1997. Nous, Algériens, du moins la plupart d’entre-nous, comprenons profondément le sens de la parole de Mandela. A plus forte raison quand les puissants de ce monde soutiennent l’oppression dont sont victimes les Palestiniens, cette “hogra” permanente que l’Occident, auteur de l’extermination des juifs d’Europe, leur impose en forme d’expiation. Le discours, ténébreux, des dirigeants allemands qui ne voient aucun “crime” dans les bombardements visant les femmes et enfants palestiniens de Ghaza, en est une éloquente illustration.
Face à la technologie et au surarmement israélien, les Palestiniens ont leur volonté et leur disponibilité à payer le prix le plus cher pour défendre leurs droits à l’existence et à la dignité. Ce n’est pas une “guerre Israël-Hamas”, comme insistent à le dire les médias occidentaux, c’est une guerre d’élimination menée par Israël qui se heurte à une résistance palestinienne.
A Ghaza, n’en déplaise aux clowns comme Ben Jelloun ou Sansal, dernières pitoyables recrues de la Hasbara israélienne, ce sont des Palestiniens qui se battent, comme ce sont aussi des Palestiniens qui se battent en Cisjordanie. Aucune confusion n’est possible sur la base du discours anti-islamiste voire islamophobe, ce sont des Palestiniens de toutes obédiences, courants ou religion, qui se battent pour leur droit. C’est un combat d’une infinie clarté.
La guerre contre Ghaza risque de reprendre après la trêve actuelle et, plus que jamais nous avons un devoir de solidarité et de soutien, c’est le moins qu’on puisse faire. C’est ce que font des femmes et des hommes libres aux Etats-unis et en Europe malgré l’incroyable propagande anti-palestinienne en cours dans les médias. C’est qu’il n’y a pas matière à confusion, c’est un peuple qui se bat contre un oppresseur, il n’y a pas d’inversion possible, le bourreau ne peut pas indéfiniment se poser en victime. Comme le disait Mahmoud Darwiche à propos de Ghaza, la résistante: “Pas d’énigme dans le secret de la résistance. Elle est populaire, voilà tout. (Ce qu’elle veut, c’est expulser l’ennemi hors de ses propres habits.) Et la résistance adhère à la population comme la peau aux os. Nul n’y est l’élève et l’autre le maître.”. Oui, la résistance est palestinienne!