Mohamed Hazourli, cinéaste et producteur, est le nouveau président de la Commission de lecture du Fonds de développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographique (FDATIC). Il remplace à ce poste le critique et l’universitaire Ahmed Bedjaoui et promet de changer les méthodes de travail.
« Avant que la proposition me soit parvenue, je me suis demandé, alors que je fête cette année mes 50 années dans le monde audiovisuel, si je pourrais transmettre toutes mes expériences au service de notre production cinématographique. Avoir des idées, c’est bien, les concrétiser c’est mieux. On ne peut pas changer les choses en restant en dehors du constant mouvement artistique et culturel qui n’admet plus de tergiversations. Il est temps d’agir et de cesser de se lamenter et de crier sur tous les toits que tout va mal, sans y apporter de solutions ni faire des propositions tangibles », confie Mohamed Hazourli, dans une déclaration à 24 H Algérie.
Il ajoute : « Je remercie tous ceux qui ont placé leur confiance en nous, à leur tête M. Le secrétaire d’Etat chargé de l’Industrie cinématographique, Youcef Sehaïri. Une confiance qui se transformera sans aucun doute en action positive sur le terrain. Nous allons étudier les scénarios avec objectivité et dans un esprit démocratique où chaque membre de la Commission apportera en toute liberté et responsabilité ses suggestions et ses recommandations. De nouvelles mesures seront prises lors de notre prochaine réunion, allant dans le sens de l’allègement des procédures bureaucratiques permettant une meilleure traçabilité et un suivi rigoureux des scénarios déposés ». Il est nécessaire, selon lui, de rétablir la confiance entre la Commission et les professionnels du cinéma.
« Il est temps que le cinéma soit pris en charge par les cinéastes eux mêmes »
Il estime que pour avancer et « faire bouger la machine » de la production cinématographique en Algérie, il faut que tous les professionnels s’y mettent « en étant solidaires autour de projets audacieux ». « Il est important de définir une nouvelle stratégie alimentée par l’ambition mesurée de toutes celles et de tous ceux qui aspirent à une avancée qualitative de notre cinéma. Il est temps que le cinéma soit pris en charge par les cinéastes eux mêmes. L’avenir du 7ème art, en dépend terriblement. La Commission que j’ai l’honneur de présider, sera constamment à l’écoute, ouverte à toutes les bonnes volontés sans exclusion aucune. C’est dans la confrontation des idées que nous ferons tourner nos caméras », promet le cinéaste qui se dit rassuré par la qualité des membres de la Commission du FDATIC.
« Je pense qu’on peut bien avancer compte tenu de sa compétence avérée, de sa complémentarité et de son homogénéité avec, évidemment, le précieux apports de nos collègues cinéastes, hommes et femmes, de métiers, scénaristes, réalisateurs, producteurs, techniciens, acteurs, artistes, critiques-cinéma, musiciens, peintres, décorateurs, chorégraphes…Tous les métiers en rapport avec l’image et le son. Nous ne pouvons avancer qu’ensemble. Je réitère encore une fois l’implication de toutes et de tous pour construire le cinéma de demain, axé sur la modernité et l’originalité, dans un esprit de conquête. Il faut reconquérir d’abord notre large public, avec des productions et des réalisations qui le concernent de près », souligne Mohamed Hazourli.
« Un cinéma qui évoque le quotidien des Algériens »
Il plaide pour un cinéma proche du public algérien portant son image, ses joies, ses peines, ses souffrances, ses réussites, ses échecs, ses aspirations… « Un cinéma qui évoque le quotidien des algériens et qui n’oublie pas l’Histoire en puisant dans notre immense patrimoine culturel, en allant aux sources de notre culture si riche par sa diversité. Avec nos images, nous montrerons au Monde ce que nous sommes vraiment, un grand pays, une riche Histoire, une vaste culture. Il faut rouvrir les salles de cinéma fermées ou délaissées, en créer de nouvelles, construire des multiplexes à travers tout le territoire national. Ces espaces doivent être équipés avec des outils de la haute technologie. Les projections doivent se faire en DCP ou en IMAX. La modernisation de ces salles dites obscures est incontournable pour y apporter la lumière d’un rêve devenu réalité, car le cinéma commence par l’écriture d’un scénario pour aboutir sur les écrans des salles », appuie le réalisateur de la célèbre série télévisée « Aassab oua awtar » (des nerfs et des cordes).
Lors de la cérémonie de l’installation de la Commission, le secrétaire d’Etat chargé de l’Industrie cinématographique, Youcef Sehaïri a expliqué les grandes lignes pour que l’Algérie puisse atteindre un niveau de production annuelle de vingt films par an entre courts et longs métrages et documentaires. La production actuelle ne dépasse pas trois films par an. Avant d’entamer ses travaux, la nouvelle commission fera un bilan de ce qui a été réalisé par l’équipe d’Ahmed Bédjaoui.
Mohamed Hazourli promet d’adopter de nouvaux mécanismes « pour faire tourner au plus vite la machine de la production cinématographique » dans le pays. En Algérie, le cinéma reste en grande partie dépendant du financement de l’Etat. Le soutien du secteur privé au septième art y est très faible.
Le Ok de la Commission du FDATIC nécessaire pour obtenir la subvention de l’Etat
La commission du FDATIC, qui a été installée le 8 juin 2020, est composée de neuf membres. Outre le président, il s’agit, entre autres, du journaliste et critique dramatique Mohamed Kali, du formateur en écriture dramatique Smail Soufit, et des journalistes Lazhari Labter et Amar Bourouis.
La Commisison du FDATIC a un mandat de deux ans. Elle doit lire, analyser, étudier et valider les scénarios de films qui lui sont soumis avant de proposer une aide au financement de la production et de post-production sur base d’un dossier détaillé fourni par les demandeurs. Son accord est nécessaire pour obtenir une subvention de l’Etat. Le FDATIC, qui relève du ministère de la Culture, a été crée en 1967.
Ses statuts ont été modifiés à deux reprises, en 1991 et en 2013. Les professionnels du septième art se sont toujours plaints de l’opacité qui marque le fonctionnement de la commission du FDATIC et du flou qui entoure les paramètres du choix des scénarios éligibles à une subvention de l’Etat. Mohamed Hazourli promet de mettre de l’ordre dans le travail de la Commission en imposant les règles de transparence.
[…] Le Fonds d’aide aux techniques et industries cinématographiques (FDATIC), qui relève du ministère de la Culture, va disparaître. Des professionnels du septième art expriment leur inquiétude.Un collectif pour la sauvegarde du FDATIC a adressé une lettre au président Abdelmadjid Tebboune pour attirer son attention « sur les terribles conséquences qu’implique la dissolution du Fonds national pour le développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographiques et de la promotion des arts et des lettres ».Le collectif est composé de réalisateurs, producteurs, techniciens, acteurs et compositeurs. Il réclame l’amendement de l’article 167 de la loi 20/16, portant loi de finances 2021, concernant la clôture du compte 302-014 du FDATIC. […]