Le Sud-Africain Patrice Motsepe a été élu comme prévu, et par acclamation, président de la Confédération africaine de football, vendredi à Rabat, où il était le seul candidat, les autres s’étant rangés derrière lui sous l’impulsion de la Fifa. Plébiscite. L’homme d’affaires, patron du club des Mamelodi Sundowns, s’est levé, a baissé son masque, et a salué l’assemblée, dans un costume bleu pétrole. “Lorsqu’il y a un seul candidat il est élu par acclamation”, a précisé le secrétaire général de la CAF, Abdelmounaïm Bah, grand ordonnateur de cette journée de scrutin et de la 43e assemblée générale de la confédération.
Motsepe a brièvement exprimé sa “gratitude” pour ce “très grand honneur”. Il a évoqué “les défis auxquels le foot africain est confronté” et promis de s’appuyer sur “la sagesse collective” pour travailler “dans l’unité”. C’était le maître-mot de la journée, martelé également par le président de la Fédération internationale de football, Gianni Infantino. Car le choix de ce milliardaire très occupé, méconnu et parrainé par le patron de la Fifa, fait grincer des dents sur le continent. De nombreux observateurs y décèlent une ingérence et des relents de colonialisme.
Motsepe sans concurrent
Mais aucune voix dissonante ne s’est exprimée durant cette 43e assemblée générale de la CAF. Dans son allocution liminaire, Infantino a défendu la version de la Fifa de cette drôle d’élection: elle ne veut pas contrôler la CAF mais favoriser “l’unité”. “C’est important de mettre ensemble ces deux mots: unité et équipe. En équipe on gagne, seul on perd, le football est un sport d’équipe”, a-t-il plaidé, dans un discours en français puis en anglais.
Les trois autres candidats déclarés à l’automne, Augustin Senghor (Sénégal), Ahmed Yahya (Mauritanie) et Jacques Anouma (Côte d’Ivoire) se sont tous retirés dans la quinzaine précédent le scrutin, contre la promesse de postes respectivement de premier et deuxième vice-présidents et de conseiller de Motsepe. “Vous aviez tous la même vision, aujourd’hui c’est la célébration de cette unité”, a insisté Infantino.
Polémiques “stériles”
L’hôte de l’AG, le président de la Fédération marocaine, Fouzi Lekjaa, a lui aussi tenu à “clarifier une bonne fois pour toute que le sort de notre football est entre nos mains, nous les présidents de fédérations”, et donc pas celles de la Fifa. “Toutes les polémiques autour de la relation avec la Fifa sont stériles”, a-t-il ajouté. “Le diagnostic est partagé, on n’a pas trouvé de problème pour faire converger les programmes des quatre candidats.
Il faut arrêter ces déviations qui ralentissent notre dynamique, et aller vers cette union, en accompagnement étroit et intelligent avec la maison mère, qui est la Fifa”. Maintenant une tâche immense attend le propriétaire des Mamelodi Sundowns, le club du township de Pretoria, charge qu’il va abandonner à son fils Thlopie.
“Stabiliser les finances”
Car Lekjaa, également président de la commission des finances, a rappelé les difficultés financières de l’institution, qui “s’installe dans un déficit autour de 10 millions” de dollars. Il est de 11,4 millions de dollars pour l’exercice 2019-2020, a précisé Bah. La CAF “est en train de +bouffer+ son capital, ses fonds propres”, a-t-il alerté, parlant de “déficit structurel”. La CAF dispose de 70 M USD de fonds propres. “Si on continue dans cette logique, on aura de quoi fonctionner pendant ce mandat, mais ce sera l’impasse pour le prochain”, a prévenu le responsable des finances de la CAF.
Ce sera la première mission de Motsepe, qui a souligné, dans son premier discours de président, “l’extrême urgence” de “stabiliser les finances de la CAF”. Dessinant à grands traits son programme, il a insisté sur la nécessité de se rapprocher dans chaque pays du secteur privé pour trouver des sponsors pour le football, et demandé à ce que l’AG passe d’une rythme annuel à semestriel, “au moins”. “Je ne suis pas seulement confiant, je suis très excité”, a-t-il conclu. “Le visage du football africain ne sera plus jamais le même”.