Tebboune critique RSF et incite les journalistes algériens à créer un syndicat

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Tebboune critique RSF et incite les journalistes algériens à créer un syndicat
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Le président Abdelmadjid Tebboune a invité les journalistes à créer un syndicat et à faire preuve “d’esprit patriotique”.
“Nous avons dépassé la barre de 180 journaux, de 35 journaux électroniques et de 20 chaînes de télévision privées en plus des chaînes publiques. Je ne crois pas qu’il existe des États qui ont un nombre aussi important de médias. Chaque jour, vous prouvez que la presse algérienne a sa personnalité et à son mot à dire”, a déclaré le chef de l’Etat, lors d’une rencontre avec une vingtaine de journalistes, diffusée, samedi 6 mai, à la télévision et à la radio.


Il a rappelé qu’en matière de classement d’indice de liberté de la presse, l’Algérie ne reconnaît que les rapports des Nations Unies, “car les évaluations sont neutres”. Il a critiqué l’ONG française RSF “qui se donne une dimension internationale”.


“Les classements des ONG sont l’œuvre de ceux qui les ont créés, qui les dirigent et les orientent. Nous ne prenons pas ces classements comme une base. Ils se disent mobilisés pour des journalistes en prison. Lesquels ? Des journalistes ont été emprisonnés, y sont restés deux à trois mois. D’autres ont été mis sous contrôle judiciaire par décision de justice. Le dernier, qui a été condamné par la justice, n’a pas été jugé parce qu’il est journaliste, mais parce qu’il a reçu de l’argent de l’étranger. Aucun Etat n’accepte le financement étranger de sa presse, ni les Etats Unis, ni les pays européens”, a-t-il dit.


“Il faut d’abord du professionnalisme…”

Le chef de l’Etat parlait d’El Kadi Ihsane, directeur d’Interface Médias, condamné début avril 2023 à cinq années de prison, dont trois fermes. Le juge s’est basé sur l’article 95 bis du code pénal relatif aux financements étrangers.  


“Des pays possèdent cinq ou six journaux et sont classés en tête des pays démocratiques. Il est facile de créer un journal et de commencer à attaquer avec une contrepartie. Il est temps que notre presse s’organise pour créer une structure s’occupant de l’éthique professionnelle. Je l’ai dit à maintes reprises et je le répète : je vous incite à créer un syndicat. Nous avons besoin d’un syndicat solide de journalistes et une institution supérieure s’occupant de l’éthique journalistique”


Il a précisé que l’Etat est prêt à appuyer et à renforcer ce syndicat et cette institution. “Une fois ces structures mises en place, le journaliste n’aura pas à traiter avec la justice ou autre. Ces structures auront la charge d’évaluer ou de rappeler à l’ordre les journalistes. Nous voulons que l’Algérie arrive à un niveau où le journaliste n’aura aucun lien avec la justice. Les questions relèvent de l’ordre professionnel”, a-t-il dit.


“Nous voulons que notre institution médiatique soit forte, comme l’est l’armée”

La situation géopolitique actuelle n’exige-t-elle pas une presse nationale forte ? “Il faut d’abord du professionnalisme et un haut degré de patriotisme. Nous sommes prêts à mettre à la disposition des journaux, sans exception, des moyens mais il faut d’abord une organisation professionnelle. Quand est présent l’esprit patriotique (chez les journalistes), les articles auront cet esprit. Même la critique va dans le sens de choses qui n’ont pas été à la hauteur du pays”, a appuyé le chef de l’Etat.


“Depuis le début de mon parcours, j’étais en contact avec la presse, même à l’époque de la presse publique, Algérie-Actualités, El Moudjahid, Révolution africaine et autres. C’était un prolongement de Aïssa Messaoudi, de la presse algérienne qui a jeté le trouble au sein du colonisateur avec des petites radios. La charge patriotique était forte, remplaçait la faiblesse des moyens matériels”, a-t-il poursuivi.
Tebboune a rappelé la période pénible des années 1990 et l’assassinat de journalistes “par des mains criminelles”.


“Nous ne voulons pas de la presse qui applaudit”

“Les assassins connaissaient la valeur de la presse et des journalistes dans la résistance au terrorisme sauvage et aux complots fomentés contre le pays. Tout ce qu’a connu le pays a eu des retombées sur les institutions politiques, économiques et médiatiques. Les journalistes se sont divisés après selon les appartenances et les courants. Aujourd’hui, nous voulons rassembler et nous voulons que notre presse, notre institution médiatique, soit forte, comme l’est l’armée. La presse doit être une institution de dissuasion face aux ennemis de la patrie pour contrer leurs attaques. La presse est une école qui forme des générations, crée une opinion publique, éclaire le citoyen, crée des mouvements et des courants”, a analysé le chef de l’Etat.


Il a estimé que la presse écrite est en phase de disparition, remplacée graduellement par la presse électronique”. “Nous n’avons pas encore une presse spécialisée. Nos journaux doivent dépasser le fait de s’occuper de ce qu’a fait celui-ci ou celui-là. En Europe, dans les pays qui nous sont hostiles, on prend en compte ce qu’écrivent certains de nos journaux. Nous voulons ce genre de presse. Nous ne voulons pas de la presse qui applaudit. Elle n’est d’aucune utilité pour le pays. Idem pour la presse qui attaque. Ce genre de presse a toujours existé, fait partie de l’esprit humain, mais elle est inutile”, a-t-il noté.

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