Tenou Khilouli, actrice :”Je souhaite qu’on me donne des rôles loin de ma couleur de la peau”

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Tenou Khilouli, actrice :"Je souhaite qu'on me donne des rôles loin de ma couleur de la peau"
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“Désert rose” (La rose du désert) de Oussama Benhassine a décroché le Kholkhal d’or (le bracelet de cheville d’or) du meilleur court métrage au 7e Festival national du cinéma et de la littérature de la femme de Saïda, fin mai 2024. Le film a obtenu aussi le prix du jury au 13e Festival du cinéma africain de Louxor, en Egypte, en février 2024.

“Désert rose” est la première œuvre de fiction à aborder le thème sensible des essais nucléaires français dans le sud algérien (17 essais atmosphériques et souterrains menés entre 1960 et 1967). L’histoire du film se déroule juste avant l’explosion de la première bombe, «Gerboise bleue», dans la matinée du 13 février 1960.


Native de Tamanrasset, Tenou Khilouli, a débuté au théâtre avant de passer à la télévision et au cinéma. Durant le Ramadhan 2024, elle était distribuée dans la série “Maina”, réalisée par Walid Bouchebbah et diffusée par l’ENTV. Rencontre.  


24H Algérie: Parlez-nous d’abord de votre rôle dans le court métrage “Desert rose” (la rose du désert) de Oussama Benhassine, projeté à Saïda mais également, en avant première nationale, en septembre 2023, à la cinémathèque d’Alger ?

Tenou Khilouli: Je joue le rôle de Mbarka, mère d’un garçon et veuve d’un homme, mort en martyr (durant la guerre de libération nationale). Mbarka représente, à mon avis, toutes les femmes qui ont vécu durant cette période. Le scénariste a tenté à travers ce personnage de condenser les souffrances des femmes de l’époque. Mbarka n’a pas pu pleurer son mari ni poussé des youyous pour célébrer son statut de chahid. Mbarka cachait sa douleur, consolé par son fils Abbas.


Abbas représente pour elle l’espoir, tout l’espoir…

Absolument. Choyé par sa mère, Abbas était quelque peu malmené par son grand-père (Halim Zribi). Comme chaque enfant, il attendait chaque jour le retour de son père. Mais, il découvre la vérité. Mbarka et le grand-père devaient le convaincre de ne rien dire. Le secret de la famille devait être bien gardé. En fait, “Desert rose” raconte la vie avant les explosions nucléaires, parce qu’après, tout le monde sait ce qui s’est passé. On constate les effets de ces explosions à ce jour.


Les régions de Reggane et d’In Ecker souffrent toujours des effets néfastes des radiations atomiques à ce jour…

Il est regrettable qu’un tel drame n’ait pas suffisamment intéressé le cinéma algérien. Peu de films ont été produits sur ce sujet. Il y a toujours des zones d’ombre. Nous avons constaté au festival de Louxor, en Egypte, que les gens ne connaissaient pas cette histoire, ne savaient pas que la France a procédé à des essais nucléaires dans le sud algérien. Je suis ravie que notre film soit le premier à aborder ce thème lourd sous la forme fictionnelle. Le film a été produit à la faveur du 60ème anniversaire de l’indépendance du pays.  Oussama Benhassine a écrit le scénario de ce film bien avant. Au départ, le scénario était celui d’un long métrage, réduit après pour en faire un court. Le film a été tourné à Timimoun dans la belle région de Thala dans des vieux ksours. Le réalisateur a choisi les décors représentant les maisons.
Et comment a commencé votre histoire avec le cinéma ?“Desert rose” est mon troisième film. Mon premier film était “Pour quelques grammes de sable” de  Nadir Ioulain (avec Khaled Benaissa et Lyna Khoudry), en 2018. Mehdi Benbahou (producteur) m’a contacté lorsque l’équipe de ce film cherchait une comédienne à la peau de couleur foncée. Après un casting, j’ai été accepté pour le rôle. C’était ma première expérience au cinéma, précédée par un passage dans un feuilleton à la télévision. Je savais déjà comment me mettre devant une caméra. Le deuxième film était “La dernière reine” de Damien Ounouri et Adila Bendimerad. J’ai interprété le rôle de la confidente de la princesse Zaphira et épouse du chef de l’armée. C’était une belle expérience. J’ai été ravie de jouer aux côtés d’Imen Noel, d’Ahmed Zitouni, de Tarek Bouarara, de Leila Touchi, de Houria Bahloul…Dans le film, Tarek Bouarara était mon coach. Nous devions parler en ancien algérois. C’était un peu difficile de m’adapter à ce dialecte surtout pour moi qui vient du Sahara. Tarek Bouarara m’a beaucoup aidé.
Vous débuts, c’était au théâtreOui. J’ai débuté au théâtre en 2003 dans une maison de jeunes à Tamanrasset. A l’école primaire déjà, ma maîtresse Rabéa Khaouid me donnait le rôle de narratrice dans les petites pièces jouées en classe. Elle me disait que j’avais une belle voix. J’aimais beaucoup la langue arabe grâce à elle. Je participais à des spectacles de théâtre scolaire.
En 2003, j’ai adhéré à l’Association Mahabil el rokh et participé à des pièces de théâtre présentées dans plusieurs festivals nationaux. Mahieddine Benmohamed, qui était à la Maison de la culture de Tamanrasset, nous a beaucoup aidé. C’est un grand amoureux du théâtre. Krimou Timlali, Abdelkader Azzouz, Abderrahmane Baibour, Abderrahmane Lasfar, Moussa et Seddik Akouar, Djema’a et Nabila Djarabin étaient tous dans la troupe théâtre. Wahiba Baali a rejoint le théâtre après nous en jouant avec la troupe de la Maison de la culture. Beaucoup de jeunes amateurs ont contribué au mouvement théâtral dynamique à Tamanrasset.


Tamanrasset qui n’a toujours pas de théâtre régional…


Nous avons peur de demander un théâtre régional qui aura le sort de la salle de cinéma. Une salle unique réduite à des murs où les projections se font avec un data-show. Personne n’est encore en mesure de faire fonctionner cette salle. Donc, notre crainte est qu’un théâtre régional ouvre et ferme ses portes tout de suite après. Ce projet a toujours existé mais n’a jamais été exécuté.


Vous dites souvent que vous n’aimez pas être réduite au rôle de la femme saharienne. Pourquoi ?


J’aime bien interpréter ces rôles, c’est même une fierté vue que je suis une femme du sud. Mais, je ne suis pas que cela. Je suis une femme, un être humain, une algérienne qui peut jouer n’importe quel rôle. Je souhaite qu’on me donne des rôles loin de ma couleur de peau, loin de mon appartenance ou de mon origine.


Est-il facile pour vous d’avoir des rôles ?

Ce n’est pas facile. Tous les rôles qu’on me propose sont ceux d’une fille du Sahara à la peau foncée. Toujours la même demande.


Quel rôle souhaitez-vous jouer dans le futur au cinéma ?


Je veux camper le personnage d’une femme rebelle, d’une femme méchante. Je joue toujours de la femme tranquille et calme. Là, j’ai envie de changer un peu, d’interpréter le rôle d’une cheffe de bande par exemple (rires).

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