Théâtre: « les rides de la mer » évoque le drame des mères de harragas

0
Théâtre: "les rides de la mer" évoque le drame des mères de harragas
Google Actualites 24H Algerie

La coopérative Mosaïques de Sidi Bel Abbes a présenté, lors du 12ème Festival local du théâtre professionnel de Sidi Bel Abbes, qui se déroule jusqu’au 25 octobre, la pièce « Tajai’id el bahr » (les rides de la mer).
Mise en scène par Hicham Bousahla, assisté de Sofiane Mokhtar, la pièce « Tajai’id el bahr » est le fruit d’un atelier-laboratoire organisé par le Théâtre régional de Sidi Bel Abbes (TRS) en collaboration avec l’université Djillali Liabes de la même ville en décembre 2019. La pièce, qui a été développée par Hicham Bousahla avec plusieurs écritures, a été présentée, depuis juin 2022, quatre fois, la dernière était lors du 53ème Festival national du théâtre amateur de Mostaganem.


La pièce, un psycho-drame intense, narre l’histoire douloureuse de cinq mères algériennes qui prennent la mer sous couvert de la nuit, assisté par un passeur-pêcheur. Il les aide à dépasser leur peur et affronter un nouveau destin à bord d’une embarcation de fortune. Le moteur peine à démarrer malgré l’insistance et la panique des passagères. Chaque mère a une douleur à raconter, une plaie à dévoiler, une angoisse à chasser.


Des souvenirs douloureux

Le metteur en scène a choisi une série de monologues pour permettre à ses personnages de s’exprimer et dire leur drame avec une certaine liberté. L’une raconte l’histoire de sa fille, danseuse dans un village qui a pris le départ pour fuir les quolibets. Une autre explique comment son fils, champion de boxe, a subi l’injustice, écarté d’une compétition malgré ses performances. Un rêve brisé.


Et, une autre, parle de son fils, devenu chômeur endurci, et autre encore qui se déchire en narrant le drame de sa fille journaliste, emprisonnée à cause de son métier et de ses idées. Les cinq mères puisent dans deux caisses des objets qui les lient au passé et qui ravivent des souvenirs douloureux. De objets emportés dans le « voyage ».  


Le passeur a, lui, aussi sa propre histoire avec ses six enfants, dont un médecin, partis sans retour. Il détaille les prénoms de ses enfants avec froideur, sans émotion. La peine semble enfouie chez un homme qui s’est habitué à la solitude de la mer et la compagnie des vagues.
Hicham Boussahla a choisi une profondeur blanche pour son espace scénique. Un choix critiqué lors du débat organisé autour du spectacle au TRS.


Une grande énergie sur scène« 

Je crois toujours à l’idée de l’expérimentation dans le théâtre. Je voulais tester cette profondeur blanche pour voir ce que cela va donner sur le plan visuel. Le spectacle va continuer d’évoluer, des choses vont changer au fur et à mesure, peut être même que d’autres personnages vont entrer en scène « , a souligné le metteur en scène.


Les comédiennes Souad Djenati, Fatma Benslimane, Nawel Benkamou, Nabila Delaoui et Djahida Meslem se sont éclatées sur scène. Malgré les contraintes de la scénographie et la limitation de l’espace, elles ont dégagé une grande énergie dans le jeu tant sur le plan corporel que vocal même si elles ont trop « bougé » oubliant qu’elles étaient dans un canot qui peut se « renverser » à tout moment.
Benabdallah Djellab, qui a campé le personnage du passeur, a, lui, fait montre d’une force tranquille qui gère un tant soi peu les tourments des femmes. Il cache sa peine et donne des conseils comme un sage des hautes mers. Le personnage de l’homme équillibre quelque peu le spectacle construit sur les émotions et les fragilités féminines.


« Je voulais aborder la douleur des mères qui perdent leurs enfants, qui n’ont aucune idée sur leur destinée et qui restent accrochées à l’espoir de les revoir vivants d’où leur décision de « brûler » la mer », a relevé Hicham Boussahla. Il a regretté que  la distribution soit toujours un problème en Algérie. « On produit des spectacles qui ne sont pas distribués dans le pays », a-t-il dit.

Article précédentImportation de véhicules neufs: Tebboune ordonne la publication du cahier des charges dans la semaine
Article suivantDébat à  Sidi Bel Abbes : « Sans l’appui de l’Etat, le théâtre va couler en Algérie »

Laisser un commentaire