La quinzième session du Comité intergouvernemental pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de l’UNESCO se déroulera en ligne du 14 au 19 décembre 2020. Elle va examiner plusieurs dossiers proposés pour être inscrits dans la liste représentative du patrimoine culturel de l’humanité.
Une quarantaine de dossiers seront soumis à ce comité constitué d’une vingtaine de pays dont l’Arabie Saoudite, le Cameroun, le Japon, la Côte d’Ivoire, le Maroc, la Suède, le Pérou et le Sri Lanka. Parmi ces dossiers figurent celui des « savoirs, savoir-faire et pratiques liées à la production et à la consommation du couscous ».
La candidature pour l’inscription sur la liste du patrimoine mondial a été présentée en mars 2019, par les quatre pays du Maghreb : Algérie, Maroc, Tunisie et Mauritanie. La situation politique et sécuritaire en Libye a empêché ce pays de se joindre au groupe. Le couscous est un héritage ancestral partagé par les pays de l’Afrique du Nord.
« Le mets «Couscous » est la traduction et la transcription latines de : Seksu, Kuseksi, Kseksu…, termes d’origine amazighe voulant dire grains/ graines bien roulés. La racine (S.K.S) se retrouve dans tous les pays soumissionnaires (pays du Maghreb). Dans les dictionnaires arabes, il est attesté à partir du XIXème siècle sous la forme de «Kuskusi ». Il est aussi connu sous d’autres dénominations, comme Uču (uchu) et Učču (utchu) chez certaines populations du Sahara, ce qui signifie en amazighe «nourriture », sens que l’on retrouve d’ailleurs en arabe dans tous les pays soumissionnaires sous forme «taâm ». Il est attesté en « naâma » en Algérie et en Tunisie, qui pourrait signifier « providence » », est-il précisé dans la note de présentation.
« L’esprit du couscous est l’expression de la vie en société »
« Femmes et hommes, jeunes et moins jeunes, sédentaires et nomades, issus du monde rural ou citadin, ainsi que l’émigration, tous s’identifient à cet élément (couscous) non seulement en sa qualité de mets emblématique, mais aussi pour ses dimensions sociales, symboliques très fortes, son importance pour renforcer le vivre ensemble, enfin et surtout pour sa présence affirmée à tout événement significatif culturel ou cultuel, heureux ou tragique. L’esprit du couscous est l’expression de la vie en société », est-il encore ajouté.
Il est relevé que les artisans qui fabriquent les ustensiles relatifs au couscous, les agriculteurs qui produisent les céréales, les meuniers qui les transforment en semoule, les commerçants et plus récemment les hôteliers sont tous concernés par ce plat traditionnel.
« Les femmes, en particulier, détiennent un rôle fondamental dans la préparation et la consommation du mets, et dans la pratique et la conservation des systèmes de valeurs symbolique qui s’y attachent », est-il noté. Les pays qui soumettent des éléments à inscrire dans la liste mondiale du patrimoine doivent donner des arguments, préciser les communautés concernées et joindre aux dossiers des photos et des extraits vidéos.
Un mets qui reflète « l’échange et le partage culturel »
On souligne aussi que le couscous est le mets offert dans les entraides sociales exprimées par différents (Tiouizi, Touiza, Ma’ouna, Raghatta, Ma’arouf, etc). « En Algérie et au Maroc, le couscous est au centre des fêtes profanes comme Anzar (rituel destiné à provoquer la pluie). En Mauritanie, on trouve Al ghadwa, un couscous que la jeune épouse envoie les jours de fêtes à sa belle famille. En Tunisie, particulièrement dans le Nefzaoua, la nouvelle mariée envoie à sa famille un couscous spécial appelé « Gas’sat Errdha » (le plat de l’accord) dont la réception et la consommation par les deux parents signifient leur satisfaction et la continuité des rapports familiaux », est-il détaillé dans la fiche de présentation.
« Les « savoirs, savoir-faire et pratiques liés à la production et à la consommation du couscous » témoignent d’une importance socioculturelle largement confirmée dans les pays soumissionnaires (Algérie, Maroc, Tunisie et Mauritanie). À travers l’histoire, le couscous a pu voyager et s’étendre à d’autres contrées, au Sahel, dans les îles méditerranéennes. Au 20e siècle, il a atteint l’Europe, les Amériques et l’Asie. Il incarne et reflète l’échange et le partage culturel réussis. Pour cela, son inscription sur la liste représentative du patrimoine culturel immatériel renforcera davantage les élans de dialogues et d’échanges interculturels entre les pays, entre les peuples et les communautés qui le partagent, de façon diversifiée », est-il argué.
Ftira maltaise, Sauna finlandaise et Oud syro-iranien
D’autres dossiers seront étudiés par le comité de l’UNESCO comme
la fabrication de la poterie de Zlakusa (Serbie), Al Aflaj, système traditionnel d’irrigation (Émirats arabes unis), la danse Budima (Zambie), le Nar Bayrami, fête traditionnelle de la grenade (Azerbaïdjan), le Nakshi kantha, art traditionnel de la broderie ( Bangladesh), la culture du Sauna (Finlande), la fabrication et la pratique de l’Oud (Iran-Syrie), le Ftira, art culinaire du pain plat (Malte), le Khanjar, connaissance de pratiques culturelles du poignard oriental (Oman), la pêche à la charfiya aux îles Kerkennah (Tunisie), les savoir-faire en mécanique horlogère et mécanique d’art (Suisse-France) et les connaissances et les pratiques liées à la culture du café Khawlani (Arabie Saoudite).
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