Alger considère les questions de la mémoire et de la mobilité comme “des marqueurs” de sa relation avec la France

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Alger considère les questions de la mémoire et de la mobilité comme
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La 9ème session des consultations politiques algéro-françaises s’est tenue, le 25 janvier 2023, à Alger. Elle a été présidée, côté algérien, par Amar Belani, secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la communauté nationale à l’étranger, et, côté français, par son homologue  Anne Marie Descotes.  


“Cette session, qui s’est tenue dans une atmosphère chaleureuse empreinte de confiance et de franchise, s’inscrit dans le cadre la redynamisation des différents mécanismes de coopération bilatérale, conformément à la Déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé ainsi que les conclusions de la sixième session de la Comité Intergouvernemental de Haut Niveau (CIHN), tenue à Alger, en octobre 2022”, souligne le ministère des Affaires étrangères (MAE) dans un communiqué.


Cette session s’inscrit dans le cadre de la préparation de la visite d’Etat que doit effectuer le président Abdelmadjid Tebboune en France en mai 2023.
 “Cette visite sera précédée par la tenue, dans les semaines à venir, du Comité mixte économique algéro-français (Comefa)”, est-il encore précisé. Le Comefa est un mécanisme qui a été créé en 2013. La dernière session, la sixième,  de ce comité remonte à mars 2020. La prochaine session est prévue durant le premier trimestre 2023.


“Dimension humaine”

Les consultations politiques ont abordé, selon le communiqué du MAE, l’ensemble des dimensions de la relation bilatérale, “en particulier la dimension humaine, avec un accent particulier sur les questions relatives à la mémoire et à la circulation des personnes, qui constituent de véritables marqueurs de cette relation”.


La mobilité et la mémoire ont été à l’origine d’une crispation dans la relations entre les deux pays après les déclarations, en septembre 2021, du président Emmanuel Macron sur l’Histoire de l’Algérie et son existence en tant que nation avant l’occupation française et après la décision de Paris de réduire de 50 % le nombre de visas accordés aux Algériens.


Par cette décision, qualifiée d’unilatérale par Alger, Paris voulait protester contre le refus de l’Algérie d’accorder des laisser-passer consulaires aux ressortissants expulsés de France pour séjour irrégulier.
Le 18 décembre 2022, Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur, a annoncé à Alger, après une audience que lui accordée le président Tebboune, la levée de la restriction des visas pour les Algériens et le retour à une « relation consulaire normale ».

“Une dynamique de progression irréversible”

Le président Emmanuel Macron était venu à Alger fin août 2022 pour dépasser les divergences et tourner la page de la crise diplomatique. Sa visite a été conclue par la signature le 27 août 2022 de “La Déclaration d’Alger” pour “un partenariat renouvelé”.


Amar Belani a, lors de la réunion de ce mercredi 25 janvier, estimé que les relations entre les deux pays connaissent une progression et “une courbe ascendante positive sous l’impulsion résolue de nos deux présidents de la République et leur engagement commun à inscrire les relations entre l’Algérie et la France dans une dynamique de progression irréversible tout en restant dans la fidélité à la Déclaration d’Alger”.
Amar Belani a, selon l’agence APS, loué l’accélération de la fréquence des rencontres bilatérales depuis la tenue, à Paris en septembre 2022, de la 8e session des consultations politiques, ce qui confirme “la volonté de nos deux pays de donner corps et de la substance à la Déclaration d’Alger pour un partenariat renouvelé entre les deux pays”.


“Une étape inédite”

Accompagnée d’une vingtaine de hauts responsables concernés par la coopération, Anne-Marie Descôtes, ancienne ambassadeur de France à Berlin, a déclaré que cinq mois après la visite du président Macron en Algérie, “une étape inédite” est en cours de construction dans la relation de nos deux pays “que nous voulons pleine de confiance”.


“Des contacts au niveau des administrations sont en train de gagner en fréquence et en fluidité depuis l’automne pour une meilleure compréhension. Ces échanges doivent nous aider à identifier de nouvelles pistes de coopération. L’enjeu est la modernisation de cette coopération qui se fait au bénéfice de nos deux peuples”, a-t-elle déclaré, citée par l’APS.
Le 9 et 10 octobre 2022, Élisabeth Borne, Première ministre française, a rendu visite en Algérie accompagnée d’une quinzaine de ministres. Elle a coprésidé avec son homologue algérien Aïmen Benabderrahmane  la 5ème réunion du Comité intergouvernemental de haut niveau (CIHN).


“Nous regardons vers l’avenir”

“Nous regardons vers l’avenir. Nous voulons que la Déclaration d’Alger s’incarne dans des actes et dans un engagement durable et bénéfique pour nos deux pays et nos deux peuples. J’ai le sentiment qu’ensemble, nous avons avancé et que le CIHN nous a permis de poser les fondements d’un partenariat renouvelé, inscrit dans la durée et qui profitera à nos jeunesses », a déclaré Élisabeth Borne.


“Conformément au cap fixé par les Chefs d’Etat des deux pays, il a été convenu de traiter la question mémorielle dans le cadre d’une lecture objective et de vérité. La partie française s’est engagée à ce titre d’accélérer le processus de restitution des archives et du traitement de la question des sites d’essais nucléaires qu’il convient de réhabiliter, concourant ainsi à appréhender l’avenir dans un climat d’apaisement et de respect mutuel”, note le MAE dans le même communiqué.


Outre la reconnaissance des crimes coloniaux, l’Algérie exige la restitution des archives prises durant l’occupation française, l’ouverture du dossier des disparus durant la guerre de libération nationale et l’indemnisation des victimes algériennes des essais nucléaires et chimiques français dans le sud algérien dans les années 1960 (1961-1967).


“Concevoir de nouveaux mécanismes bilatéraux”

“Ces consultations politiques, qui se sont appuyées pour la première fois sur des réunions exploratoires entre les hauts fonctionnaires des différents départements ministériels des deux parties, ont fait ressortir une concordance de vues, sur les voies et moyens de rehausser le niveau de la coopération, consolider le cadre juridique bilatéral et concevoir de nouveaux mécanismes bilatéraux de coopération dans les différents domaines d’activité”, est-il encore indiqué dans le communiqué du MAE.

Selon la même source, les deux parties ont abordé les questions d’actualité d’ordre régional et international d’intérêt commun “dans leur voisinage immédiat (Sahara Occidental, Sahel, Libye, conflit russo-ukrainienne…etc.)”.
“Les deux parties sont convenues de poursuivre le dialogue et les échanges, ainsi que l’activation de l’ensemble des mécanismes de coopération institués par les autorités des deux pays”, est-il encore noté.
Les consultations politiques algéro-françaises à Alger n’ont fait l’objet d’aucune communication officielle en France.


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