La crise diplomatique entre l’Algérie et le Maroc prend une autre dimension avec la décision d’Alger de reconsidérer ses relations avec Rabat.
« Les actes hostiles incessants perpétrés par le Maroc contre l’Algérie, ont nécessité la révision des relations entre les deux pays et l’intensification des contrôle sécuritaire aux frontières Ouest», a annoncé le Haut Conseil de sécurité (HCS), réuni à Alger, ce mercredi 18 août 2021, cité dans un communiqué de la Présidence de la République.
Le HCS accuse ouvertement le Royaume du Maroc de soutenir le MAK, le mouvement séparatiste kabyle. Et cite également « l’entité sioniste ».
Dimanche 15 août, le ministère algérien des Affaires étrangères a vivement réagi à des déclarations du ministre des Affaires étrangères israélien, Yaïr Lapid, qui était en visite à Rabat 11 et 12 août. Yaïr Lapid a exprimé des “inquiétudes » au sujet du rôle joué par l’Algérie dans la région, « son rapprochement avec l’Iran et la campagne qu’elle a menée contre l’adhésion d’Israël en tant que membre observateur de l’Union africaine(UA) ».
« Une aventure hasardeuse dirigée contre l’Algérie »
Alger considère l’admission d’Israël en tant que membre observateur de l’UA comme contraire à la Charte africaine.
Alger a qualifié les déclarations du chef de la diplomatie israélienne de « fallacieuses et malveillantes ». « Une sortie intempestive, dont le véritable instigateur n’est autre que Nasser Bourita en sa qualité de ministre des Affaires étrangères du Royaume du Maroc. Cette sortie traduit une sourde volonté d’entraîner son nouvel allié moyen-oriental dans une aventure hasardeuse dirigée contre l’Algérie, ses valeurs et ses positions de principe », a dénoncé le ministère des Affaires étrangères. Et d’ajouter :
« Cet aventurisme dangereux qui parie sur le pire, constitue un démenti formel à la prétendue « main tendue » que la propagande marocaine continue de répandre abusivement et vainement ».
« Le mal et les problèmes ne viendront jamais du Maroc «
« Je peux rassurer nos frères Algériens que le mal et les problèmes ne viendront jamais du Maroc. Nous renouvelons l’appel sincère à nos frères en Algérie pour travailler ensemble sans conditions afin de construire des relations bilatérales fondées sur la confiance, le dialogue et le bon voisinage », a déclaré le roi du Maroc Mohammed VI, fin juillet 2021, lors d’un discours télévisé à l’occasion de la fête du Trône.
Alger n’a pas répondu à ce discours.
Le président Abdelmadjid Tebboune a, le 8 août 2021, lors d’une rencontre avec la presse, déclaré qu’il n’y a pas de réponse à donner. « Un diplomate marocain avait, dernièrement, tenu des propos dangereux à l’égard de l’Algérie. Nous avons rappelé notre ambassadeur à Rabat et demandé des explications au Maroc, mais il n’y a pas eu de réponse de leur part sur ce sujet », a-t-il précisé.
L’ambassadeur d’Algérie à Rabat n’a pas rejoint son poste
Abdelhamid Abdaoui, ambassadeur d’Algérie à Rabat, a été rappelé le 18 juillet 2021 et n’est pas retourné rejoindre son poste.
« L’Algérie attendait du Royaume du Maroc qu’il clarifie sa position définitive sur la situation d’une extrême gravité créée par les propos inadmissibles de son ambassadeur à New York. Depuis lors, et en l’absence de tout écho positif et approprié de la partie marocaine, il a été décidé aujourd’hui, le rappel, avec effet immédiat, pour consultations, de l’Ambassadeur d’Algérie à Rabat, sans préjudice d’autres mesures éventuelles en fonction de l’évolution de cette affaire », a prévenu le ministère des Affaires étrangères.
Alger a accusé son voisin de l’Ouest de mener « une campagne hostile » à l’Algérie, à travers un soutien « public et explicite » à un prétendu « droit à l’autodétermination du peuple kabyle ».
Lors d’une réunion des pays Non alignés, les 13 et 14 juillet 2021, le représentant permanent du Royaume du Maroc auprès des Nations unies et vice-président du conseil exécutif de l’Unicef, Omar Hilale, avait parlé de « l’indépendance du peuple kabyle » en Algérie.
Les frontières terrestres algéro-marocaines sont, pour rappel, fermées depuis 1994. Une décision prise après que Rabat ait accusé Alger d’avoir fomenté un attentat terroriste contre un hôtel à Marrakech.