Le colonel Tahar Zbiri dernier commandant de la wilaya 1 historique (Aures-N’mmemcha) et premier commandant des forces armées algériennes après l’indépendance s’est éteint hier, à l’âge de 95 ans, apprend-on auprès de ses proches.
Né le 4 avril 1929 à Oum El Adhaim dans la wilaya de Souk Ahras, Tahar Zbiri est une personnalité centrale de la lutte pour l’indépendance et acteur incontournable de l’Algérie post-coloniale, Zbiri a marqué de son empreinte l’histoire de son pays. Reconnu pour son rôle durant la guerre de libération en tant que chef militaire de la Wilaya I, il est aussi l’auteur d’un coup d’État manqué qui a laissé des traces durables dans la mémoire politique algérienne.
Un parcours de militant syndical et révolutionnaire
Avant son engagement militaire, Zbiri travaille comme ouvrier aux mines de fer de l’Ouenza, où il se lie au PPA-MTLD (Parti du peuple algérien – Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques). Ce milieu syndical le conduit à s’engager pleinement dans la résistance, notamment en organisant l’insurrection du 1er novembre 1954 dans la région de Guelma avec le soutien de Badji Mokhtar. Arrêté et condamné à mort en 1955, Zbiri s’évade en novembre de la même année de la prison de Constantine avec Mostefa Ben Boulaïd, devenant l’une des figures les plus emblématiques de la lutte armée.
Commandant de la Wilaya I et chef d’état-major de l’ANP
Pendant la guerre, Zbiri exerce un commandement militaire rigoureux et efficace, prenant la tête de la Wilaya I en 1961. Sa discipline et son dévouement font de lui un leader respecté dans les Aurès, et sa réputation de stratège lui vaut d’être nommé premier chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP) en 1963, deux ans après l’indépendance. Cependant, son ascension dans l’armée coïncide avec une période de fortes tensions internes au FLN, exacerbées par des désaccords profonds sur l’orientation politique et militaire du pays.
Tentative de coup d’État et années d’exil
En 1965, Zbiri participe à l’arrestation du président Ahmed Ben Bella, aux côtés de Houari Boumédiène. Mais, déçu par l’évolution politique du pays et par la marginalisation des anciens maquisards au profit de l’ex-Armée des frontières, il tente lui-même de renverser Boumédiène en 1967. Son coup d’État échoue, et Zbiri est condamné à mort par contumace en 1969, le poussant à l’exil. Au cours de ces années, il entretient des relations complexes avec d’autres figures de la révolution, telles que Krim Belkacem et Mohamed Boudiaf, qu’il évoque avec franchise dans ses mémoires publiés en 2011.
Un héritage complexe et un retour à la vie publique
Les mémoires de Zbiri, publiés aux Editions ANEP en 2010, offrent un éclairage précieux sur les contradictions de son parcours. S’il est salué comme un héros de la guerre d’Algérie, son implication dans un coup d’État manqué continue de susciter des débats. Son retour en Algérie après la mort de Boumédiène et sa nomination au Sénat en 2016 témoignent d’une volonté d’apaisement et de réconciliation nationale, visant à tourner la page des divisions internes.
Un héros national ou un aventurier politique ?
Le parcours de Tahar Zbiri, entre gloire militaire et dissidence politique, reste aujourd’hui l’objet de perceptions contrastées. Certains voient en lui un héros national, acteur clé de la libération, tandis que d’autres le considèrent comme un aventurier politique ayant fragilisé les institutions de la jeune République algérienne. Son influence dans les années post-indépendance, de même que son rôle dans la construction et la consolidation de l’ANP, illustrent les enjeux majeurs auxquels l’Algérie a été confrontée dans son parcours vers la souveraineté.
Tahar Zbiri reste une figure emblématique de l’histoire algérienne, symbolisant les espoirs et les luttes qui ont forgé l’Algérie indépendante. Son décès marque la fin d’une génération : celle des libérateurs, mais aussi de ceux dont les actions ont laissé une empreinte sur les épreuves et les turbulences de la construction nationale.
Le Président de la République présente ses condoléances suite au décès du colonel Tahar Zbiri
Le Président de la République, M. Abdelmadjid Tebboune, a présenté, ce mercredi, ses condoléances suite au décès du colonel et moudjahid Tahar Zbiri, décédé à l’âge de 95 ans, indique un communiqué de la présidence de la République.
Le défunt était commandant de la première Wilaya historique. Il s’était engagé très jeune dans les rangs du mouvement national et fut l’un des premiers instigateurs de la Révolution dans cette région. Après l’indépendance, il a occupé plusieurs postes de responsabilité.
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