Le leader chiite irakien Moqtada Sadr a appelé mardi ses partisans à ne pas s’en prendre aux manifestants antipouvoir, au lendemain de la mort d’un protestataire dans des heurts entre les deux camps qui fracturent désormais la révolte née en octobre.
A Diwaniya (sud), de jeunes manifestants antigouvernementaux et des « casquettes bleues » –les sadristes– en sont venus aux mains, avant d’être séparés par des policiers, a rapporté un correspondant de l’AFP.
Les jeunes manifestants ont ensuite scandé des slogans hostiles à Moqtada Sadr, qui dans une volte-face récente a décidé de soutenir Mohammed Allawi, le Premier ministre tout juste désigné que la rue rejette parce qu’il a été deux fois ministre d’un système qu’ils veulent revoir de fond en comble.
Ils ont aussi conspué les autorités et le grand parrain iranien, voisin influent et accusé par la rue de tirer les ficelles à Bagdad.
Un manifestant antipouvoir a succombé lundi soir à al-Hilla au sud de Bagdad à des blessures au couteau après une attaque menée par des hommes portant des casquettes bleues, selon des sources médicales et policières.
Mardi, sur Twitter, Moqtada Sadr a rappelé ses troupes à l’ordre: «le devoir des casquettes bleues est de protéger les écoles et les administrations pacifiquement… pas de me défendre et de réprimer les voix qui scandent des slogans qui me sont hostiles».
Toujours à Diwaniya, paralysée depuis des mois par un mouvement de désobéissance civile, comme de nombreuses villes du sud de l’Irak, des membres des forces de sécurité étaient déployés devant les écoles et les administrations pour empêcher les piquets de grève qui les maintenaient jusqu’alors fermées.
Des élèves se sont présentés le matin, a indiqué le correspondant de l’AFP, alors que le ministère de l’Intérieur avait annoncé lundi soir avoir ordonné ce déploiement policier.
A Diwaniya, comme à Nassiriya (sud), où toutes les écoles ont rouvert selon un responsable local, des centaines d’étudiants continuaient toutefois de manifester.
«On est déterminés à poursuivre notre mouvement pacifique parce qu’on veut un pays libéré de la corruption et du confessionnalisme», affirme à l’AFP Hamad Ali, étudiant à Nassiriya.
Après quatre mois de révolte, les manifestants irakiens se divisent entre ceux désirant donner une chance à M. Allawi, comme le réclame le versatile Sadr, et ceux qui y sont opposés.
M. Allawi, lui, a jusqu’au 2 mars pour constituer un gouvernement et obtenir la confiance du Parlement dans un pays en pleine tourmente sociale et politique.
AFP