Tebboune s’adresse à la France : « Nous ne demandons pas le pardon, mais la reconnaissance des crimes coloniaux »

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Tebboune réplique à Boualem Sansal : "un voleur dont l'identité et le père sont inconnus..."
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Le président Abdelmadjid Tebboune a évoqué, dimanche 29 décembre 2024, le cas de l’écrivain algérien, qui a obtenu la nationalité française l’été dernier, Boualem Sansal, sans citer son nom. Le chef de l’Etat a demandé à la France de reconnaissance des crimes commis durant l’occupation de l’Algérie pendant 132 ans.


« Voilà, un voleur dont l’identité et le père sont inconnus, qui ose dire qu’une partie de l’Algérie était la propriété d’un autre pays », a déclaré le chef de l’Etat, lors d’un discours à la nation, devant le Parlement algérien, réuni en congrès au Palais des nations, à Club des Pins, à l’ouest d’Alger.
Abdelmadjid Tebboune réagissait aux déclarations controversées de Boualem Sansal faites à Frontières, un média français de l’extrême droite, sur une prétendue appartenance d’une partie de l’ouest algérien au Maroc avant la colonisation française en 1830. Sansal a, dans la même interview, qualifié l’Algérie, sans la citer, de « petit truc facile à coloniser », contrairement au Maroc « qui était un Etat difficile à conquérir », selon ses dires.
Boualem Sansal a été arrêté, pour rappel, au sortir de l’aéroport international Houari Boumediène, à Alger, le 16 novembre 2024. Il est en détention provisoire à la prison Koléa, à l’ouest d’Alger, pour, entre autres, « atteinte à l’intégrité territoriale du pays », « atteinte à l’unité nationale » et « complot contre la sûreté de l’Etat ». Le magistrat instructeur du tribunal de Dar El Beida (Alger) s’est basé sur l’article 87 bis du code pénal pour engager les poursuites pénales contre l’écrivain connu par ses positions souvent hostiles à l’Algérie, à son Histoire, à la religion musulmane et aux migrants. Son arrestation en Algérie a été dénoncée par des personnalités, des partis et des organisations de droite et d’extrême droite, en France.


« Ils ont commis des massacres et des boucheries durant l’occupation »


Le président de la République, dans le même discours, s’est attaqué à la France et à son passé colonial en Algérie. « Ils ont commis des massacres et des boucheries durant l’occupation. La tribu Benchohra (à Laghouat en 1852) a été gazée. Les gens ont été mis dans des sacs avant d’être tués par le gaz. Les Zaatcha ont subi un massacre aussi (à Biskra en 1849). Il y a aussi les enfumades (dans la Dahra entre 1844 et 1845). Il y a eu plusieurs génocides. En mai 1945, plus de 45.000 algériens ont été massacrés pendant un mois. Nous ne demandons pas le pardon, mais la reconnaissance des crimes coloniaux. Les milliards de dollars ne suffisent pas pour rembourser la perte de milliers de nos chouhada. Leur valeur est beaucoup plus grande que cela. Nous ne demandons pas une réparation matérielle, mais une réparation morale », a déclaré le chef de l’Etat en s’adressant à la France, sans la nommer.
« Nous ne demandons pas d’indemnisations, nous exigeons la reconnaissance des violations commises en Algérie. Ils ont prétendu qu’à leur arrivée en Algérie, ils avaient trouvé de vastes marécages qu’ils avaient séché pour installer des constructions. Leurs officiers et sous-officiers reconnaissaient qu’ils avaient trouvé un peuple instruit. Leurs soldats étaient des ignorants qui ne savaient ni lire ni écrire. L’Algérie fournissait du blé à Rome. Nous n’abandonnerons pas le dossier de la mémoire. Qu’ils disent que nous ne sommes pas des démocrates ! », a-t-il ajouté.


« Ne nous voulons pas de votre argent ! « 


Le président Tebboune est revenu sur les dix sept essais nucléaires dans le sud algérien (entre 1961 et 1967). « Ils nous ont laissé les maladies. Nos populations en souffrent encore comme à Reggane. Ils voulaient rejoindre le Club des pays ayant la bombe atomique à notre détriment. Venez nettoyer la saleté que vous avez laissé, ne nous voulons pas de votre argent ! (…) Ceux qui disent qu’ils avait laissé le paradis en Algérie, et bien sachez, qu’à l’indépendance du pays, 90 % des algériens étaient des analphabètes « , a-t-il déclaré. Il a rappelé qu’au début de l’occupation française, en 1830, le nombre des Algériens étaient de 4 millions.
« Et, à la fin de cette occupation, ce nombre était de neuf millions. Comment expliquer qu’en presque un siècle et demi, ce nombre n’a augmenté que de cinq millions. Est-ce normal ? C’est la preuve qu’il y a eu des génocides en Algérie. Comment expliquer que les officiers et les sous-officiers (français) coupaient les têtes de nos martyrs pour les envoyer en France. 500 crânes sont en France (dans un musée à Paris). Nous les avons demandé et nous en avons reçu que 24. Ils prétendent qu’ils sont civilisés alors qu’ils considéraient ces crânes comme des butins de guerre ! Reconnaissez vos méfaits. Si vous êtes sincères, érigez un statut de l’Emir Abdelkader dans votre capitale (Paris) », a insisté le président de la République.
Il a estimé que les jeunes français d’aujourd’hui ne peuvent pas être redevables des méfaits de leurs ancêtres mais la reconnaissance des crimes coloniaux était nécessaire. « Je suis le fils de Cheikh Amoud, de Benboulaid, d’Amirouche, de Si Haoues, de Lotfi, de Boubeghla et de tous les martyrs. Le nombre de nos martyrs est de 5,6 millions », a déclaré Tebboune.

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3 Commentaires

  1. […] Première réaction officielle à l’arrestation en Algérie de l’écrivain algérien Boualem Sansal en novembre dernier. Ce dimanche 29 décembre 2024, le président Abdelmadjid Tebboune a évoqué le cas de l’auteur, qui a obtenu la nationalité française l’été dernier, sans citer son nom. « Voilà, un voleur dont l’identité et le père sont inconnus, qui ose dire […] Read More […]

  2. Le bey d’Alger (car l’Algerie n existait pas) va t il reconnaitre et s excuser pour avoir protegé la piraterie et la mise en esclave de dizaines de milliers d Européens avant 1830?

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