C’est la journée de la terre aujourd’hui, le génocide se poursuit avec le soutien actif des Etats-Unis, le silence honteux des Etats arabes. En Occident, une partie de l’opinion découvre la réalité du “double standard”. Les Palestiniens, eux, n’ont que la résistance. Les massacres commis par Israël fabriquent les nouveaux résistants.
Les Palestiniens marquent ce 30 mars la journée de la terre dans un contexte d’entreprise génocidaire menée contre eux par Israël avec la complicité des occidentaux et la passivité honteuse de la plupart des Etats arabes, plus que jamais en porte-a-faux avec leurs opinions publiques. Outre les bombardements à outrance visant la population civile, Israël organise la famine avec un but clair d’élimination et de destruction de la société palestinienne à Ghaza, mais également en Cisjordanie. Les experts évaluent déjà à deux fois Hiroshima les bombes, américaines notamment, qui se déversent sur Ghaza ciblant les humains et les infrastructures. Le nombre de femmes et d’enfants massacrés à Ghaza est déjà un marqueur honteux pour la prétendue “communauté internationale” qui laisse faire. Cette journée de la terre est, plus que jamais, celle de la résistance d’un peuple qui n’entend pas disparaître comme le veulent les sionistes avec l’appui des américains et des occidentaux en général.
Génocide Joe, le complice
Il ne faut pas se faire d’illusions sur le fait que les Etats-Unis se sont abstenus à la dernière résolution du Conseil de sécurité. Le souci de l’équipe de Biden n’est pas les Palestiniens mais les élections présidentielles américaines. Sur le fond, la complicité dans l’action génocidaire, déjà établie, se poursuit. Le seul élément nouveau est l’évolution des opinions publiques occidentales qui constatent la réalité des massacres et se démarquent de plus en plus des positions de leurs gouvernements. L’écart gigantesque entre l’opinion publique britannique et le gouvernement – y compris de l’opposition travailliste – est édifiant. Le mouvement des opinions est une réalité. D’abord acquises à Israël, ces opinions ont évolué, malgré des médias outrageusement pro-israéliens, en observant “en live” un génocide en cours. Les Etats occidentaux, hormis sans doute l’Espagne, la Belgique et l’Irlande, étaient dans le soutien total à Israël. C’est cette évolution des opinions publiques, qui découvrent que le double standard dénoncé par les pays du sud n’est pas une fiction, les contraints à appeler à un cessez-le-feu, même pour la forme.
Mais l’Occident, c’est d’abord les Etats-Unis. Joe Biden, qui se revendique comme sioniste, apporte un soutien politique en usant à plusieurs reprises du veto et il fournit l’armée israélienne en armes à flux tendu se passant même des feux verts du sénat. Même après l’abstention sur la dernière résolution du conseil de sécurité préparée par les pays non membres permanents du Conseil de sécurité dont l’Algérie, les Etats-Unis ont insisté pour dire qu’ils “n’ont pas changé”. Les armes et les munitions américaines continuent d’arriver à flux tendu pour servir le génocide.
L’évolution des opinions publiques en Occident
De manière générale, l’Occident est tout juste “gêné” car leur discours sur la primauté du droit international est, une fois de plus, pris à défaut dans le sang qui coule depuis 7 mois à Ghaza. Mais le poids du lobby israélien au sein des classes dirigeantes occidentales est tel qu’il est illusoire de croire à une perte du soutien occidental à Israël.
Quelques nuances s’expriment – car le carnage est trop monstrueux et si Facebook censure, twitter et tik-tok restent ouverts et les opinions regardent le protégé israélien de leurs gouvernements commettre des crimes contre l’humanité. Mais encore une fois, cette gêne ne modifie pas – du moins à court et moyen terme – la donne. Les castes dirigeantes en Occident sont plus sensibles aux lobbies pro-israéliens qu’à leurs opinions publiques.
L’abstention des États-Unis au Conseil de sécurité de l’ONU, bien que perçue par certains comme un “ajustement” n’est pas une remise en question du soutien à Israël. Elle reflète les tensions internes aux États-Unis. La pression croissante de certaines factions de l’opinion publique, en particulier la communauté arabo-musulmane et au sein de la jeunesse américaine en générale, contraint l’administration Biden à un geste qui semble, en apparence, s’éloigner du soutien inconditionnel à Israël. En apparence seulement. Cette abstention ne marque pas un changement fondamental dans la politique américaine vis-à-vis d’Israël. C’est à proprement parler une position purement électoraliste de la part de l’administration Biden. Une partie de la gauche américaine affuble le président américain du qualificatif de “génocide Joe” car son soutien à Israël est idéologique, donc aveugle.Cette tentative de sauver un tant soit peu les apparences est un effet de la révolte d’une partie de l’opinion publique contre la politique de Biden de soutien au génocide. Il y a bien la communauté arabo-musulmane américaine très mobilisée pour Ghaza et qui risque de faire perdre l’Etat clé (swing state) du Michigan à Biden pour la prochaine présidentielle.
Signe qui ne trompe pas, les activistes arabes et musulmans américains ont appelé à voter “non engagé” (Uncommited) lors des primaires démocrates; ils tablaient modestement sur 10.000 voix, ils en ont eu 100.000. En outre, le soutien à Biden chez les jeunes et les noirs s’effrite aussi à cause de Ghaza. Biden et son équipe, jusque-là insensibles à cette colère, commencent à s’inquiéter. On entre dans une année électorale aux Etats-Unis et Trump fait mieux que Biden dans les sondages. C’est bien-là, la raison de l’abstention des Etats-Unis au Conseil de sécurité qui vient, rappelons-le, après 3 vétos contre des résolutions appelant au cessez-le-feu.
Biden et son administration ne sont pas devenus subitement humanistes. Ils sont tout juste agacés par , Netanyahu, qui est dans une logique de guerre à outrance pour préserver sa survie politique et ne tient pas compte des soucis électoraux de Biden. Il y a une évidente divergence d’intérêt avec Netanyahu, mais le soutien US à Israël n’est pas remis en cause. Biden essaie de se débarrasser du label de “génocide joe”, tout en continuant à fournir des armes et des munitions à l’armée génocidaire. L’exercice est compliqué car les informations et les images insoutenables circulent plus que jamais. La question d’avenir est de savoir si l’évolution d’une partie de l’opinion américaine contre Israël sera durable et si elle pèsera sur l’attitude de la classe politique américaine trés sioniste et largement travaillée par le lobby israélien, notamment l’AIPAC.
Le souffle long de la résistance des peuples
En cette journée de la terre, les Palestiniens sont seuls. Plus que jamais seuls. L’autorité palestinienne est, aujourd’hui, un structure supplétive de l’occupation que même Netanyahu rejette, après l’avoir utilisée. Les États arabes n’ont même pas donné du “verbe” face aux massacres. Le cas de l’Egypte est caricatural. Le pays dirigé par l’armée est en faillite économique, politique et morale. Le carnage se déroule à leur porte et malgré la colère de l’opinion, le président Abdelfattah al Sissi fait profil bas. Ne parlons pas des Etats “normalisateurs”, qui, toute honte bue, ont maintenu leur niveau d’échange avec l’Etat hébreu. Ils ont même offert une voie d’approvisionnement alternative à Israël, le port d’Eilat ayant été réduit à zéro activité du fait de l’action des houthis, les seuls qui “agissent” réellement en soutien à Ghaza.
Comment les choses vont-elles évoluer pour les Palestiniens alors que le soutien basique des Etats arabes fait défaut? Il est difficile de prédire l’avenir. Mais le déluge d’Al-Aqsa aura au moins, et à un prix très élevé, montré qu’il est illusoire de vouloir liquider la cause nationale palestinienne par le contournement “normalisateur”, en fait une trahison pure et simple, avec les Etats arabes.
L’image d’Israël et des occidentaux, complices du génocide, est fortement abimée dans le reste du monde. Il est clair que les États-Unis feront tout pour servir les intérêts d’Israël au détriment des Palestiniens. C’est dans l’ADN des États-Unis. Reste la résistance palestinienne avec toutes ses factions.
Les Palestiniens ont montré qu’ils ne renoncent pas. Avec plus de 30 000 martyrs et près de 100 000 blessés à Ghaza, la détermination des Palestiniens à défendre leurs droits et leur terre reste inébranlable. Cette journée rappelle à tous l’urgence de trouver des solutions justes et durables pour mettre fin à l’injustice et à la souffrance qui perdurent depuis trop longtemps dans la région.
Les Palestiniens seront-ils encore capable de résistance pour éviter une “solution” qui s’éloigne du basique Etat palestinien dans les frontières de 1967 avec Al-Qods-Est comme capitale? Ce qui s’est passé à Ghaza rappelle que les peuples ont le souffle long et qu’ils peuvent défier des rapports de force outrageusement défavorable.